Chapitre VI : Première rencontre

 

01H15, le 08-06-1986, Chicago

Non mais je rêve là !
Mais qu'est ce qu'elle fout là celle là ?!

Il n'arrivait pas à y croire.
Si elle le voyait, il pouvait dire adieu à tous ses plans.
Pendant que Mick essayait tant bien que mal de rester cacher, Grey et sa bande avaient ouvert le feu.

Et je fais quoi moi maintenant ?!
Evidemment il ni a qu'une sortie dans cette ruelle !

Si je descends Grey, je vais avoir du mal à trouver l'informaticien, mais si je ne le descends pas, il risque d'abîmer ma petite Rally et je pourrais dire adieu à mes plans !
Putain, j'étais obligé de rentrer dans une impasse moi&

N'arrivant pas à se décider sur la marche à suivre, Mick observa la scène d'un Sil critique, pour voir si Rally pouvait s'en sortir seule.
Une seule conclusion s'imposa à lui :

" Elle est forte "

Pas une seule fois elle ne s'était mise en danger, pas une seule balle n'avait été tirée au hasard et pas un seul de ses gestes n'était hésitant.
Alors que Grey et ses hommes se contentaient d'arroser l'entrée de la ruelle sans trop savoir sur quoi ils tiraient, presque chacune des balles qu'elle elle tirait faisait mouche.
Elle n'avait tiré que trois fois, mais déjà deux des hommes de Grey gisaient par terre, blessés mais vivants.

Bon, elle s'en sortira sans problème sans mon aide.

Au moment où il jugea que personne ne pourrait le voir, Mick bondit avec l'agilité d'un chat sur le mur d'en face. S'aidant de la gouttière et de différentes imperfections dans la paroi, il entra par la fenêtre ouverte au deuxième étage.
Il n'avait du mettre que cinq ou six secondes et personne ne semblait l'avoir remarqué.

Par contre Mick remarqua que la gamine qui accompagnait Rally venait de prendre une balle.

Merde, pauvre gamine&

Rally l'avait remarqué et elle semblait perdre son sang froid, tirant plus souvent mais avec beaucoup moins de précision.

Tirer sur une enfant& Ça tu vas me le payer Grey.

Mick était un tueur froid et impassible, ne mêlant pas boulot et sentiment, mais s'il y avait bien une chose qu'il ne supportait pas, c'était de voir des enfants blessés.

Tant pis pour l'informaticien, je l'aurais autrement.

Mettant un silencieux au bout de son Desert Eagle, Mick sortit légèrement la tête par l'embrasure de la fenêtre.

On se retrouvera en enfer Grey&

" Pfut "

L'arrière du crane de Grey explosa dans une gerbe immonde.
Rangeant son arme, Mick aperçut une dernière fois Rally, qui cherchait du regard celui qui venait de tuer Grey...

A bientôt ma belle&


01H17, le 08-06-1986, Chicago

Rally avait la haine, autant contre Grey que contre elle-même.

Mais pourquoi est-ce que j'ai accepté de l'emmener ?!

Mey avait pris une balle dans l'épaule, et même si à première vue ça n'avait pas l'air très grave, Rally n'arrivait plus à se concentrer sur sa cible et les peurs de ces derniers jours commençaient à ressortir.

Elle va mourir et ce sera ma faute !
Non, non, allez ça suffit les conneries ! Calme-toi Rally, elle ne va pas mourir, tu ne vas pas mourir et tu vas capturer Grey vivant.
Elle va bien, et elle ira encore mieux quand tu auras immobilisé Grey, et que tu l'auras emmenée à l'hôpital.
On se concentre et on& Mais que& Mais qu'est ce que ???

La tête de Grey venait d'éclater dans une gerbe rouge monstrueuse.
S'écroulant de tout son long, ce qui restait de Grey répandait maintenant de la matière grise sur le bitume.

Se plaquant contre la portière de la Cobra, Rally chercha du regard le tireur.
Le cSur battant à deux cent, elle n'arrivait pas à déterminer d'où était parti le coup de feu, et qui pouvait bien l'avoir tiré.

Qui serait assez fou pour tuer Grey ? !
Personne noserait tuer Grey à Chicago !
A moins que& Le tueur à gages ! Je l'avais complètement oublié !

La ruelle n'ayant qu'une sortie, il devait forcement être encore tapi dans l'ombre.
Essayant de se calmer, Rally se concentra sur son ouïe.

Aucun bruit.

S'il est encore là, il ne doit même plus respirer&

S'approchant doucement, Rally se concentra du mieux qu'elle put.
Arrivé près de l'enclave dans laquelle elle l'avait vu se réfugier quand elle était entrée dans la ruelle, Rally retient sa respiration et plongea, arme levée.

Personne !

Elle n'arrivait pas à y croire, il avait bel et bien disparu.

Levant les yeux au ciel, Rally aperçut une petite fenêtre au deuxième étage du bâtiment à côté d'elle.

Mey ! Et merde, je l'avais oubliée elle aussi !

Regardant la plaie de plus près, Rally commença à s'inquiéter : Si la plaie n'était pas impressionnante, la balle avait cassé la clavicule et était logée dans ce qui en restait.

Faisant vrombir la Cobra, Rally parcourut la moitié de la ville à 170 km/h.

La balle qui était logée dans son épaule lui devait lui infliger des douleurs atroces, elle commençait à délirer.
D'autant plus que c'était la première fois qu'elle prenait une balle.

Sur le chemin, Rally avait appelé les urgences pour les prévenir de son arrivée et une équipe les attendait à l'entrée quand elles arrivèrent. Sortant Mey de la voiture, un des brancardiers s'écria :

Le médecin l'avait traitée comme une gamine qui avait joué avec le feu et qui s'était brûlée.
C'est vrai que du haut de ses dix huit ans, elle ne faisait pas très sérieuse, mais elle était bien meilleure que la plupart des chasseurs de primes de Chicago.
Non, sa seule erreur avait été d'emmener Mey&

Arrivant dans une grande salle, les brancardiers soulevèrent Mey et la posèrent sur une table d'opération.

Se laissant tomber une chaise à côté d'elle, Rally sentit une boule se former dans sa gorge, et les larmes lui monter aux yeux.

Minnie&

Serrant ses genoux contre sa poitrine, Rally pleura à chaudes larmes.
Se laissant aller à ses pensées, elle réalisa qu'elle avait complètement oublié une chose très importante.

Grey ! Son corps gît toujours dans la ruelle et ses hommes baignent toujours dans leur sang !!

Séchant rapidement ses larmes, Rally se précipita sur le téléphone le plus proche et composa le numéro de Roy.

La boule qu'elle avait dans la gorge l'empêcha d'articuler un mot de plus.

Rally se laissa tomber contre le mur, elle sanglotait doucement, vidée de toutes ses forces.

Levant ses yeux remplie de larmes, Rally aperçu au-dessus d'elle un homme qui la regardait avec des yeux inquiets.

Il était beau : Dans les un mètre quatre vingt, ses cheveux blonds reflétaient magnifiquement la lumière.
Il remit une mèche rebelle en arrière avant de lui tendre un mouchoir.

La saisissant par la taille d'un bras ferme et puissant, il remit Rally sur pied avec une délicatesse que la puissance de son bras ne lassait soupçonner.

Il a le corps gainé, ça doit être un athlète&

Rally avait tellement l'habitude de devoir jauger les gens à la vue ou d'une simple poignée de mains qu'elle était presque capable de coller une activité sur le corps d'une personne.

A en croire sa silhouette et son bras, il devait être sportif de haut niveau, ou alors militaire, ou pompier peut-être.

Quoi qu'il n'a pas le visage très marqué&
Les pompiers et les militaires ont tous ce petit quelque chose qui témoigne des situations critiques qu'ils ont généralement du affronter.

Reculant d'un pas, Rally essaya de jauger un peu mieux l'homme qui se tenait devant elle.
Il arborait un petit sourire charmeur qui ne laissait pas Rally indifférente et, malgré le fait qu'il était très bien habillé -Il portait un costard blanc pardessus une chemise grise assez classe-, il ne portait aucun bijou, que ce soit bague ou gourmette.

C'est peut être bien un homme d'action alors&

La plupart de ceux qu'elle aimait appeler les "hommes d'actions" ne portaient pas de bijoux, pour qu'ils ne les gênent pas.
Relevant la tête vers les yeux de l'homme, Rally s'aperçut qu'il la regardait avec un regard mi-amusé, mi-interrogateur.

Pourquoi il me regarde comme ça lui ?

Et puis elle réalisa que ça faisait une bonne minute qu'elle le regardait de haut en bas comme une experte étudiant un tableau.

Mais qu'est ce que je fais moi ?!

Tout à coup, de manière imperceptible, il tourna les yeux vers la droite.
Moins de deux secondes après, Rally entendit le bruit d'une personne qui courait dans le couloir d'à côté.

Il a une ouïe plus fine que la mienne !

Alors qu'elle réfléchissait, des pompiers passèrent la porte derrière elle, poussant un brancard.

Se retournant vivement, Rally réalisa qu'elle avait quatre-vingt-dix-neuf pour cent de chance de se faire percuter. Fermant les yeux et serrant les dents, elle se sentit brusquement attirée en arrière et pressée contre un torse puissant.

Whoé ?

Il l'avait attirée à lui, et lui avait de ce fait évité de se faire renverser.

Encore dans ses bras&
Tiens, qu'est ce que &?

Appuyée contre le torse de Mick, Rally sentit une légère bosse et une odeur familière... Une odeur de poudre&

Une arme ?!

Se dégageant vivement, Rally sortit son arme et braqua Mick.

Il ne bougea pas, se contentant de regarder Rally dans les yeux avec ce même sourire qui la rendait fébrile.

Mais qu'est ce que je fais ? J'étais en train de me demander s'il n'était pas militaire et me voilà à le tenir en joue& Et s'il était flic ?
Oh ma tête, j'ai mal&

Moins de deux secondes après, une porte s'ouvrit sur sa droite, laissant s'échapper un Roy à bout de souffle.
Voyant la scène, il s'arrêta net et se tourna vers Rally.

Venant de relâcher une journée complète de pression, sans manger ni se reposer, Rally sentit ses jambes la lâcher et ses yeux se fermer.

Oh non, c'est pas le moment, je veux savoir comment va Mey&

Alors que son corps se rapprochait dangereusement du sol, elle fut à nouveau frappée par la puissance, mais aussi la douceur des bras qui l'accueillirent. Sentant son corps soulevé dans les airs, Rally se sentit pressé contre un torse large et chaud, duquel s'échappaient des battements lents et puissants.
Rouvrant une dernière fois les yeux avant de sombrer, elle aperçut le visage souriant de Mick au-dessus d'elle.

Se laissant aller dans le monde des rêves, Rally était convaincue que, pour une fois, ce n'était pas des cauchemars qui l'attendait dans le monde d'Orphée&


01H18, le 08-06-1986, Chicago


Descendant rapidement les escaliers du vieil immeuble dans lequel il était rentré, Mick réfléchissait à la vitesse d'un super calculateur.

Grey mort, je vais avoir du mal à trouver l'informaticien. Il me faut une solution de secours.
Il me faut un réseau d'information digne de celui de Kaibara si je veux espérer lui mettre la main dessus&
En plus, l'organisation de Grey va sûrement vouloir le venger&
A coup sûr, ils vont s'attaquer à Rally pensant que cest elle qui a tué Grey.
Mais si les hommes de la ruelle survivent, ils vont dirent aux flics que c'est moi qui l'ai tué, et jaurais à la fois la bande de Grey et les flics aux fesses&
Il faut que je me trouve un allié puissant si je veux être tranquille.

Ce n'était pas qu'il avait peur de la bande à Grey, ou même des flics, mais il valait mieux être prudent. De plus il n'avait pas envie de tuer à tout va, il voulait rester dans l'ombre au maximum.

A New York, il n'aurait pas eu autant de mal à faire cette mission. Son réseau d'information et sa réputation était suffisamment importante pour décourager n'importe quel tueur et pour retrouver sans problème n'importe qui.
Mais ces pecnots de Chicago étaient trop incultes pour le connaître et son réseau d'informateur était cantonné à New York.
A Chicago, les agents de Grey et Kaibara avaient le monopole, seule peut être la police pourrait espérer leur tenir tête&

S'arrêtant net dans l'escalier, Mick sortit une cigarette de sa poche et la cala au bord de ses lèvres, son visage affichant ce même sourire mi-satisfait mi-amusé qu'il avait toujours lorsqu'il trouvait une solution à ses problèmes.

La police& Ca fait longtemps que je ne me suis pas fait passer pour un flic&

Finissant tranquillement de descendre les escaliers, Mick s'arrêta à l'entrée de l'immeuble, des gémissements attirant son attention :

Passant la tête par l'embrasure de la porte, Mick aperçut la gamine qui accompagnait Rally.

Pauvre fille&
Elles vont devoir aller à l'hôpital.

Sortant furtivement de l'immeuble, Mick parcouru la distance qui le séparait de son hôtel à toutes jambes et se précipita directement vers sa mustang.
Se mettant au volant, il démarra en trombe en direction de l'hôpital le plus proche tout en allumant l'ordinateur portable se trouvant sous son siège.
Il chercha rapidement la fiche qu'il avait créée il y a quelques années, quand il s'était fait passer pour un flic de New York.

Ah, voilà ! Mick Angel, lieutenant de la NYPD.
Bon, envoyons un e-mail à Sonia pour lui dire de m'affecter sur cette affaire à Chicago&

Sonia était l'une de ses meilleures amies, et accessoirement un capitaine de police à New York.
Elle savait qui était Mick, mais elle savait aussi que certaines personnes méritaient un châtiment que la justice ne pouvait rendre.

Et voilà, j'espère qu'elle va faire vite&


01H23, le 08-06-1986, Chicago

 

Arrivant devant l'entrée de l'hôpital, Mick remarqua immédiatement la Cobra de Rally.

Bon, déjà, je ne me suis pas trompé d'hôpital&

Cherchant le service des urgences, Mick surpris une conversation entre deux infirmières.

Bingo !


Sur ce point là elles n'ont pas tort, mais cette gamine là est forte&
Bon, voyons voir&
Salle d'op& Ah voilà !

S'approchant de la salle, Mick aperçu Rally, écroulée contre un mur à côté d'un téléphone.

Bon allez, t'a intérêt à assurer Mick&

Respirant un grand coup, il se dirigea vers Rally.

Levant vers lui son jolie visage, Mick pu voir quelle était en pleurs.

Et merde, j'ai horreur de voir une belle fille pleurer& mais ça va me faciliter le travail.

Remettant une mèche rebelle en arrière, il lui tendit un mouchoir et arbora son plus beau sourire de tombeur.

La saisissant par la taille, Mick la remit debout le plus délicatement qu'il pouvait, mais en faisant jouer ses muscles pour se mettre en valeur.

C'est dingue, j'ai des remords à la séduire alors qu'elle est si faible&
Remet toi Mick, c'est ta meilleure chance !

Elle est un peu gênée, c'est bon signe&

Ce qui était mauvais signe par contre, c'était qu'il avait de plus en plus de mal à jouer la comédie. Il était assailli de remords et ça l'empêchait d'agir vraiment comme il le faudrait pour la séduire.

Sortant de ses pensées, Mick s'aperçut qu'elle le regardait de haut en bas depuis une bonne minute.

Hum& Bah j'ai l'air de lui plaire, c'est déjà ça&

Remontant la tête vers le visage de Mick, leurs regards s'échangèrent une demi-seconde, avant qu'elle ne baisse les yeux, son visage virant au rouge.

C'est gagné&

Hum ?

Mick venait d'entendre des bruits de pas qui se dirigeaient dans leurs directions à grande vitesse.

Ca ne sonne pas comme des bottes de pompiers ou de médecin ça&

Par contre, ça, ça sonne comme des bottes de pompiers.

Des pompiers passèrent la porte derrière Rally, poussant un brancard.

Elle va se les prendre !

Attrapant Rally par l'épaule, Mick l'attira dans ses bras.

C'était juste&
Hum ?

Sentant Rally se raidir, Mick réalisa qu'il portait encore son arme sur lui.

Et je ne me suis pas encore procuré de plaque de flic&

S'éloignant de lui, Rally sortit son arme et le braqua.
Par réflexe, Mick failli sortir son arme à son tour.

Houlà, calme& Et je fais quoi moi maintenant ?

Bon, jouons là relaxe&

Affichant son sourire le plus charmeur, Mick la regarda droit dans les yeux, sachant qu'il la troublait.

Si je lui dis que je suis flic elle ne me croira jamais vu que je nai pas de plaque, et si je lui dis que cest moi qui ait tué Grey, elle pourrait mal le prendre&

Ah, les bruits de pas se rapprochent&

Moins de deux secondes après, une porte s'ouvrit sur sa droite, laissant s'échapper un homme à bout de souffle.
Voyant la scène, il s'arrêta net et se tourna vers Rally.

Oh je t'adore Sonia.
Bon, improvisons et aillons l'air naturel.

Sentant qu'elle allait s'écrouler, Mick s'avança d'un pas et fut ainsi pile au bon endroit pour la rattraper.

Trop d'émotions pour une petite fille comme toi& pensa-t-il tout en la prenant dans ses bras.

Rally réouvrit les yeux une dernière fois, ce qui permis à Mick d'achever son entrée en scène en beauté.

Et voilà, première approche réussie&