POUR UNE DANSE AVEC TOI - Chapitre 2

 

06 Première fois

07 Merci

08 Le jour J

09 La caserne

10 En direct live

 

06 Première fois


Trowa s'était recouché depuis une demi-heure et s'apprêtait à s'endormir lorsqu'il entendit frapper timidement à sa porte.
Tiens ? Qui cela peut-être ? Il était déjà tard, et après leur moment romantique du soir quotidien, Quatre était reparti se coucher. Ils passaient plusieurs heures avant d'aller se coucher, blottis l'un contre l'autre, à se câliner gentiment et à s'embrasser. D'ailleurs, en y repensant, Quatre avait paru un peu dans les nuages ce soir, éludant les questions ou y répondant vaguement. Il ne devait pas avoir envie de parler, et il avait respecté ce souhait en évitant de lui poser trop de questions. Il s'était contenté de le bercer dans ses bras, comme un petit enfant.
- " C'est ouvert " fit-il.
La porte s'entrebâilla et la tête de son amoureux apparu à la porte.
- " Je n'arrive pas à dormir. " fit Quatre doucement.
- " Je me disais bien qu'il y avait quelque chose qui te tracassait. Viens. "
Quatre rentra rapidement dans la chambre, referma la porte et couru presque jusqu'au lit pour se remettre dans sa position de " câliné " lorsqu'il stoppa nette sa course. Le torse de son amant dépassait des couvertures… et celui-ci était nu. Une rougeur prononcée s'empara de ses joues. Lui était en pyjama, mais apparemment son Trowa d'amour dormait nu.

Le français remarqua la gêne de son bien-aimé. Celui-ci fixait son torse avec de grands yeux et les joues les plus rouges qu'il n'ait jamais vu.
- " Heu… si cela te gêne je peux me rhabiller… "
- " Non, non. " fit une petite voix fluette.
- " Tu sais tu seras assis sur les couvertures, et je serais dessous, tu ne risque rien. "
- " Justement j'aimerais bien être sous les couverture aussi… "
Trowa ouvrit une bouche qui aurait pu gober un gros bourdon. Etait-il possible que ce soit son Quat-chan qui vienne de prononcer ces paroles ?! C'était incroyable, il ne s'attendait pas du tout à ça de sa part. Le rouge des joues du jeune arabe vira presque au bordeaux. Il veut… Il veut…
Le pauvre se tenait au milieu de la chambre, et il ne savait plus où se mettre.
- " B… bien sûr " finit par bégayer Trowa, " Tu peux venir. "
Quatre se rapprocha maladroitement du lit, limite titubant. Il souleva un coin de couverture et se glissa sous les draps. Il était désormais allongé à côté de Trowa, et à le voir on se demandait s'il arrivait encore à respirer.
- " Viens " fit le jeune dompteur en écartant un bras.
Quatre alla se loger contre son épaule. Il frissonna en sentant la peau nue sous sa main qu'il venait de poser sur le pectoral gauche de Trowa. Il n'osait plus bouger.

Le pilote d'Heavy Arms comprit ce qu'il se passait dans l'esprit de son futur amant. Il connaissait bien Quatre depuis le temps, et il ne doutait pas une seconde que celui-ci ne se fasse un sang d'encre pour la mission, surtout qu'il avait quasiment la responsabilité du succès sur ses épaules. C'était celui qu'il aimait qui avait aussi, du coup, le rôle le plus dangereux à jouer. Trowa risquerait directement sa vie demain soir dans le repère d'Akira Mori. Son Quat-chan adoré ne disait peut-être rien, mais son cœur était lisible comme un livre ouvert, et à travers ses yeux le dompteur pouvait lire la peur et le désespoir que lui causait cette mission. C'est ainsi qu'il s'expliqua le comportement de Quatre et son envie soudaine de passer à la prochaine étape.
- " J'ai tellement peur qu'il t'arrive quelque chose demain… "
Voilà. Son intuition venait d'être confirmée.
- " Ne t'inquiète pas. On en a déjà discuté… Il ne m'arrivera rien, rassure-toi. "
- " Oui mais si c'est pas le cas ? " fit Quatre avec un menton tremblant.
Trowa soupira et amena le visage de Quatre au creux de son épaule. Il avait besoin de pleurer pour évacuer tout le stress qui le rongeait depuis une semaine. Il se mit à caresser doucement les cheveux fins et blonds de son compagnon, pendant que celui-ci vidait son cœur par ses larmes.

***

Ils restèrent un bon quart d'heure comme cela, Trowa berçant un Quat-chan en mal d'amour et tout stressé. Le jeune français commençait à somnoler lorsqu'il sentit une petite chatouille au niveau de l'un de ses pectoraux.
Son compagnon venait de terminer sa crise de larme. Il respirait plus lentement et plus régulièrement, et inconsciemment il s'était mis à caresser du bout des doigts la peau douce de son compagnon. Ce dernier rouvrit les yeux et pencha la tête pour apercevoir un Quatre tout éveillé, et qui avait l'air bien décidé à partir à la découverte de son corps à lui. Il eut une réaction immédiate qui, espéra-t-il, était passée inaperçue à son amoureux. Il lui sourit pour le mettre en confiance, et lui indiquer qu'il pouvait continuer son exploration s'il le désirait. Les caresses de l'arabe restèrent timides un moment, ce dernier ne promenant ses doigts qu'au niveau du torse de Trowa, de son cou, de ses épaules… Puis, lentement, elles se dirigèrent vers son ventre, ses abdominaux, son bas-ventre. Il tressaillit lorsqu'ils atteignirent l'organe sensible. Il ne put réprimer un petit soupir de satisfaction et un léger frisson qui remonta le long de sa colonne vertébrale. Il ferma les yeux et se livra corps et âme au plaisir des caresses sensuelles et érotiques que lui prodiguait son partenaire.

Lorsque Quatre eut finit ses préliminaires, ce fut au tour de Trowa de lui faire découvrir les plaisirs sensuels et érotiques de la chair. Il commença par déshabiller lentement le petit blondinet, qui suffoquait presque tellement il était ému et tendu. C'était la première fois que Quatre laissait quelqu'un toucher son corps, l'effleurer, le caresser. Le fait que ce soit Trowa rendait les étreintes encore plus intenses. Il frémissait sous les doigts du français. Celui-ci mêlait à ses caresses des baisers tantôt superficiels, un simple effleurement qui mettait tous ses sens en émoi, tantôt insistants, mordillant délicatement la peau fine et sucrée. Il était perdu dans un rêve de volupté et de passion. C'était la première fois qu'il se mettait autant à l'écoute de son corps, dont chaque parcelle vibrait en harmonie avec les notes que dessinait son amant sur sa peau. Lorsque son Trowa adoré attaqua la partie la plus sensible de son être, il se courba en arrière dans un réflexe de plaisir intense. Il laissa échapper un petit râle, et son souffle s'accéléra. Il garda la tête en arrière et les yeux fermés, laissant libre cours à l'expression de son cœur. Il entendait son sang battre dans ses tempes. Il était en sueur et il frissonnait en même temps. Il n'avait jamais été dans un état d'excitation pareil !

***

Ce n'est que bien plus tard, après de multiples étreintes et des préliminaires approfondis que les deux jeunes gens passèrent véritablement à l'acte. Ils atteignirent l'orgasme tour à tour, d'abord Trowa, puis Quatre. Il était 3h au réveil lorsqu'ils s'étendirent enfin côte à côte, en sueur, épuisés mais heureux, l'un à côté de l'autre. Quatre attrapa la main de son amant. Il avait encore besoin de son contact physique pour percevoir le sentiment de plénitude et d'assouvissement qui devait probablement ressentir aussi son partenaire. Il venait de vivre l'expérience la plus incroyable de sa vie. Il n'avait pas idée que des sensations d'une telle puissance puissent réellement exister. Il en avait entendu parler avant, bien entendu, mais ce n'était en rien comparable aux descriptions qu'on lui en avait fait. Peut-être était-ce parce qu'il avait partagé ce moment unique avec la personne qui comptait le plus au monde pour lui ? C'était probablement le cas, mais il ne se pencha pas plus avant sur le sujet. L'heure n'était pas à la réflexion, mais à la délectation. Il tourna la tête vers son amant. Celui-ci fit de même et ils s'échangèrent des sourires heureux. Une fois un peu rafraîchis, ils retournèrent dans les bras l'un de l'autre, afin de finir la nuit ensemble dans les bras de Morphée.


***~~~***


07 Merci


Wufeï regardait son ange blond avec inquiétude. Il avait des cernes immenses sous les yeux, et le teint un peu blanchâtre. Il se demanda s'il n'avait pas de la fièvre. Il avait tant fait ces derniers jours pour les aider. Rien que d'y penser cela lui mettait du baume au cœur et les larmes aux yeux. Dire qu'il s'était séparé de cet homme pour une histoire de conviction personnelle… Ridicule. Un trésor comme celui-là, on est prêt à faire quelques concessions pour le garder.
Sentant un regard insistant posé sur lui, Zechs finit par ouvrir les yeux. Il sourit à son aimé.
- " Tu as l'air soucieux " fit-il d'une voix douce.
- " Oui, je m'inquiète pour toi, tu m'as l'air épuisé. "
- " Juste un peu stressé, c'est tout. "
Et il y avait de quoi ! Il rendait peut-être service à l'amour de sa vie, mais il trahissait aussi son meilleur ami. Cela avait de quoi vous torturer l'esprit un bon bout de temps… même si la trahison était, disons, indirecte.
- " Tiens le coup " fit Wufeï en déposant un baiser sur le front de son amant, " demain soir tout sera fini. "
- " J'espère que cela se passera bien. "
Les tests sur l'antidote n'avaient pas évolué cette semaine, il restait toujours 5% de chance que cela ne fonctionne pas. Le poison quant à lui, était d'une efficacité redoutable. D'après les tests sur les matrices expérimentales reproduites à partir de prélèvement de cellules de peau, il pénétrait quasiment instantanément dans les pores. Sa vitesse de diffusion dans l'organisme était assez rapide : au bout d'un quart d'heure l'individu était paralysé, et dix minutes plus tard le cœur cessait de battre. L'antidote avait une durée de vie de six heures. Trowa devrait donc l'ingurgiter juste avant de partir en mission.

- " Il n'y a pas que cela qui te tracasse, je me trompe ? "
Raah mais comment fait-il pour lire si bien en moi ?
- " Non, c'est vrai… " Wufeï fit une courte pause avant de reprendre. " J'ai la désagréable impression… que je ne servirais à rien lors de cette mission… Je suis sûr qu'ils n'auront pas besoin de moi. "
- " Tu n'as pas tort. "
Quoi ? S'il ne s'attendait pas à une chose, c'est à être conforté dans cette triste idée.
- " Tu veux dire que… "
- " Que je suis le plus parfait des égoïstes. "
- " Non, tu n'as pas… "
- " Je suis désolé, ne m'en veux pas s'il te plaît. " fit Zechs en caressant la joue de son dragon en train de devenir colère. " Il fallait que l'un de vous soit en retrait dans son gundam, prêt à faire exploser l'antre d'Akira Mori s'il le fallait, si la situation devenait désespérée à ce point. Bien sûr, je suis persuadé que tes collègues feront du bon boulot et qu'il n'y aura pas à sortir le gundam… C'est effectivement la place la moins dangereuse de la mission, peut-être celle qui rapportera la moins de gloire et d'honneur… " Il regarda avec insistance le jeune chinois en prononçant ces mots. Il savait la nature noble et juste de l'âme de son compagnon, et comprenait parfaitement qu'il soit vexé. " …Mais… Je viens de te retrouver, et je n'ai pas envie de te reperdre… Alors j'ai été égoïste et j'ai joué sur le fait que tu aimes piloter Nataku pour te mettre à ce poste. "

Wufeï passa de la stupeur, à la vexation, à la colère, puis à la compréhension et à la tendresse. Il était révolté à l'idée de servir de pièce rapportée lors de leur future mission… Mais savoir que la raison qui avait poussé son amant à lui faire jouer un rôle mineur était l'amour… Comment lui en vouloir ? C'était tout bonnement impossible.
Il grimpa sur son amant, de façon à être allongé sur lui, le visage à la même hauteur. Il posa ses mains sur les tempes de Zechs, sourit malicieusement, et lui posa un gros baiser sur les lèvres. C'était un baiser d'enfant content, tout innocent, ce que l'on appelle généralement un gros poutou.
- " Et comment pourrais-je t'en vouloir, si ta motivation est mon bien-être ? " lui demanda-t-il.
- " Je ne sais pas… Je pensais que tu serais vexé et que ton honneur de guerrier en aurait pris un coup et que tu m'en voudrais de ne pas te faire plus confiance car tu es un combattant émérite… Ce genre de chose. "
- " Eh bien… Je ne peux pas nier que tout ce que tu viens de dire ne m'ait pas traversé l'esprit… Mais… Tu sais, ces mois de séparation ont été intolérables. Je crois bien que je ne réalisais pas vraiment à quel point j'étais déprimé… Alors, recevoir maintenant des preuves d'amour de ta part… Non, il faudrait vraiment que je sois le dernier des demeurés pour t'en vouloir ! "

Mon Dieu qu'il a mûrit, pensa Zechs. Ces quelques mois avaient effectivement dus être insupportables, pour qu'il envisage les choses avec tellement de recul désormais. Il devenait un homme, son jeune dragon. Il n'en était que plus charmant et admirable.
Il enserra le jeune homme de ses bras musclés et puissants, et se tourna pour renverser la situation. Il se trouvait désormais au-dessus du chinois. Il commença à lui embrasser méticuleusement chaque recoin du visage, des pommettes à la commissure des lèvres, aux sourcils et à la base des oreilles. Son amant ferma les yeux pour profiter de ses caresses. Zechs s'attaque ensuite à son cou, ses clavicules, ses épaules, avant de descendre lentement le long du corps fin et musclé du pilote du Shenlong.
L'heure était à la volupté et au plaisir, et ils n'allaient pas s'en priver.


***~~~***


08 Le jour J


- " Bien, voici le poison… " fit Zechs en tendant une petite fiole à Heero, " …et voici l'antidote " continua-t-il en montrant un petit tube hermétiquement fermé à Trowa. Le poison était transparent, l'antidote de couleur pourpre. " Il y a aussi… " Zechs farfouilla dans son sac " … la membrane à insérer dans le tuyau d'arrivée d'eau de la baignoire. Normalement elle a été calibrée pour que son diamètre corresponde exactement à celui du tuyau… Et voilà l'appareil qui te servira à couper le tuyau et à insérer en même temps la membrane dedans, Heero. Ensuite tu n'auras plus qu'à verser le poison dedans grâce au petit interstice qui se trouve ici." Il reprit l'antidote dans les mains. " Il s'avale tout simplement " dit-il à l'intention de Trowa et en lui donnant la mini éprouvette. " Il a un goût très amer, je te conseille de l'avaler avec un café ou un jus d'orange. Il faudra que tu le prennes vers 22h, vu que tu dois être en place à La Caserne vers 23h, Mori arrivant un peu avant minuit. "
- " Très bien " répondit le français.
- " Pour les cheveux, le noir a bien tenu, pas la peine de refaire une teinture. Il faudra par contre remettre du gel pour ta mèche. Tu t'es bien habitué à tes lentilles de contact ? "
- " Ouais ça va, au début elles m'irritaient un peu les yeux, maintenant ça va mieux. "
- " Essaye de ne pas mettre la tête sous l'eau, je ne crois pas qu'elles y résisteraient. "
- " T'inquiète pas pour ça, j'en avais pas l'intention de toute façon. "
- " Bien, ben je crois qu'on a fait le tour. "
- " Ok, ben je vous laisse alors " fit Trowa en se levant du canapé et en se dirigeant vers les escaliers.
Heero ne partit pas tout de suite.
- " Un problème ? " demanda le garçon aux longs cheveux blonds.
- " Juste une question… "

***

Duo était parti faire un tour, afin de mettre en place les charges explosives qu'il avait préparé la veille. Il s'était aussi équipé d'un brouilleur afin de rendre non opérationnel les caméras de surveillance, ainsi que d'une pince pour couper le fil alimentant le boîtier de détection caché dans une brique à l'entrée de la porte, et le fil relié au détecteur de poids. Le brouilleur était relié à un magnétoscope spécial qui lisait des vidéos de la rue déserte. Il avait posé le magnétoscope, qui marchait sur batterie, juste au coin de la rue. Il avait amoché son aspect extérieur pour que quiconque passe dans le coin le prenne pour une ruine et n'ait pas l'idée de s'en emparer.
Il vérifia que la ruelle était bien déserte avant de s'y aventurer. Auparavant, il était monté en haut du bâtiment d'en face et avait lancé un crochet sur le toit de l'immeuble d'Akira Mori. Il avait patienté une bonne heure… apparemment son crochet n'avait pas été détecté. Celui-ci était relié à un mince câble pourtant très solide, lui-même relié à son autre extrémité à une petite bobine électrique attachée à la ceinture de Duo. Il déroula la bobine entièrement et décrocha le filin, qu'il laissa tomber et pendre du crochet, le temps qu'il ressorte de l'immeuble d'en face. Une fois dans la ruelle son premier geste avait été de rattraper son bout de câble et de le re-fixer à la bobine.
Bien lui en prit. Quelques minutes après qu'il ait commencé à installer ses charges explosives, la porte en ferraille s'ouvrait. Il eut juste le temps d'appuyer sur le bouton et de décoller à dix mètres du sol avant que trois gorilles ne viennent fumer leur clope dans la ruelle. Il pria pour que ceux-ci n'aient pas la mauvaise idée de regarder en l'air… et apparemment ses prières furent exaucées. Il resta dix minutes suspendu, ne respirant plus, ne bougeant plus. Il avait le bras droit tout ankylosé et la paume de la main bien entaillée lorsqu'il put reposer pied à terre.
Il avait eut chaud. Il se dépêcha de poser ses autres charges et de les camoufler correctement, avant de tirer sur le fil de la bobine pour qu'il se détache du crochet. Il ne pouvait pas aller récupérer ce dernier, il resterait donc sur le rebord du toit de l'immeuble jusqu'à la prochaine inspection.
Il fila ensuite en vitesse, en ramassant le magnétoscope au passage, et en désactivant le brouilleur à l'aide d'une petite télécommande.

***

Wufeï était en train de faire les dernières vérifications de son gundam lorsque son ange arriva. Vu sa tête, il était énervé.
- " Y'a quelque chose qui va pas ? "
- " Hmmm, non rien. "
- " T'es sûr ? T'as l'air préoccupé. "
- " Enervé conviendrait mieux ! "
- " Vas-y, crache le morceau. "
- " C'est ce Heero Yuy ! Il n'en fait qu'à sa tête ce gars ! J'ai développé un plan, et il faut qu'il développe le sien en parallèle ! "
- " C'est pas nouveau, ça… "
- " Je sais… C'est juste que… Ce qui m'ennuie vraiment… C'est que j'ai l'impression que ses préparatifs ne seront pas vains et qu'effectivement il a eu raison de prendre les devants… Et ça m'énerve à un point ! "
Wufeï eut un léger sourire de compassion. Il descendit de son échelle pour aller retrouver son compagnon, assit l'air minable sur l'une des caisses de rangement.
- " Ce gosse est plus jeune que moi… Et il analyse mieux que moi la situation… Je me sens ridicule. "
- " Zechs, " fit le jeune chinois en passant ses doigts dans la longue chevelure, " Heero baigne dans le terrorisme depuis qu'il est en âge de téter. C'est loin d'être ton cas. Ce type passe toutes ses minutes à peaufiner les plans, gérer les moindres failles… C'est presque une obsession chez lui ! Je me demande d'ailleurs comment Duo a fait pour se faire une petite place là-dedans…Toujours est-il qu'il ne faut pas que tu te sentes dévalorisé à cause de ça. Vous n'avez pas le même background, et le sien est optimal concernant ce genre de mission. "
Zechs soupira.
- " Tu as raison… Mais il n'empêche que j'ai envie de me mettre des baffes pour ne pas avoir pensé à ça. "
- " Surtout pas ! Le rouge aux joues ne te va pas. " fit Wufeï en plaisantant.
- " Ah bon ? Pourtant je croyais qu'un jour tu m'avais dis que j'étais craquant quand la timidité venait rosir mes joues ? "
- " Mais oui mais oui ! " fit Wufeï avant d'embrasser son amant.
Cette solution était bien pratique et bien agréable pour éviter toute justification.

***

Alors qu'ils étaient tendrement enlacés sur le lit de Quatre, quelqu'un frappa à la porte de la chambre.
- " Entrez. " fit Trowa en se remontant le long du dossier du lit pour se mettre en position assise.
Quatre resta allongé, la tête sur le ventre de son chéri.
- " Désolé pour le dérangement " fit Heero en entrant.
- " C'est rien. Si tu viens nous voir, c'est que tu veux nous parler de la mission."
- " Exactement " fit se dernier en allant prendre la chaise du bureau et en s'installant confortablement dessus.
" Comme vous le savez " reprit-il, " j'ai été faire quelques courses… "


***~~~***


09 La caserne


Trowa, ou plutôt Eerie Woodwitch, n'eut même pas besoin de s'arrêter une seule seconde devant les portes de La Caserne, elles lui furent ouvertes en grand à peine le pied sur la première marche.
Il y avait déjà du monde, mais on pouvait quand même se déplacer librement. Il se dirigea vers le bar situé près de la table réservée d'Akira Mori et ses acolytes. La serveuse s'empressa de lui servir un whisky coca, avant de s'occuper à laver les verres, à quelques mètres seulement de l'homme le plus envoûtant qu'elle eut jamais vu.
Pour patienter jusqu'à l'arrivée du loup dans la bergerie, Trowa prit une contenance assez austère et n'incitant pas à la discussion. Il fit comme s'il était perdu dans ses pensées… des pensées tristes et sombres comme devait les aimer Eerie Woodwitch. En réalité, il repensait à son petit Quat-chan et à leur nuit d'amour partagé. Il en voulait encore des milliers comme cela.

Il surveillait via le miroir du bar, entre les différentes rangées de bouteilles, l'arrivée de l'ennemi. Celui-ci se montra une bonne demi-heure après son arrivée à lui. Dès qu'il le vit du coin de l'œil, il reporta ses yeux sur son verre, simulant un état de mécontentement et de révolte envers le monde qui l'entoure. C'était une attitude facile à mimer : il suffisait de mitrailler tout le monde des yeux et d'avoir une expression de défi sur le visage. Il releva les yeux de son verre lorsqu'il sentit un regard insistant posé sur sa nuque. Il regarda dans le miroir et vit Akira Mori arrêté derrière lui, le regardant directement dans les yeux, via le miroir. Trowa le regarda d'abord avec une expression d'agacement, comme si cela l'énervait que tout le monde le regarde (ce qui était le cas, soit dit en passant), puis il passa à une expression de défi voulant dire : " tu crois que tu pourras m'attraper ? Tu rêves mon grand ! ". Il n'en fallait pas plus, il en était sûr, à Akira Mori pour relever le défi. Celui-ci, ne le lâchant toujours pas des yeux, eut un petit sourire en coin, plutôt carnassier, et alla s'asseoir à sa table. A première vue, il avait besoin de quelques minutes de réflexions pour savoir comment aborder sa nouvelle proie.

***

Akira le reconnu tout de suite. Il savait que les " gundam boys ", comme les surnommait Treize, allaient récidiver et tenter de le tuer. Il avait été sur ses gardes depuis le début, et avait essayé d'imaginer un scénario de vengeance de leur part. Il n'avait vu qu'une seule solution : qu'ils envoient l'un des leur le tuer. Il se doutait aussi que le jeune homme en question serait déguisé, en quelque sorte. Et ils avaient envoyé exactement celui qu'il avait prévu. Par contre, il fut soufflé par la transformation. Il n'aurait jamais cru que ce jeune homme puisse être aussi beau. Il n'avait vu son visage que de moitié, car il était habituellement caché par une grande mèche. Quel gâchis ! Ce garçon avait un visage absolument splendide, pourquoi fallait-il qu'il le laisse dans l'ombre ?
Il n'avait pas chômé durant cette semaine. Ces garçons l'intéressaient, rien que par le fait qu'ils étaient tous d'une belle trempe et avec un physique avantageux. Il avait fantasmé sur les cinq, imaginant un scénario digne de chacun d'eux. Il avait même poussé le vice jusqu'à se documenter sur leur passé. Cela n'avait pas été chose facile, mais il avait de l'argent à revendre, et tout le monde sait que l'on peut tout acheter, même l'honnêteté d'un homme.
Le jeune homme qu'il regardait, accoudé au bar, s'appelait Trowa Barton. Il était encore jeune et avait pourtant un passé des plus pitoyables. Ils avaient subis toutes les délicatesses qu'il réservait lui-même, en général, aux jeunes enfants dont il s'emparait.
Il décida de lui faire une surprise. Il appela l'un de ses gardes et lui demanda d'aller chercher Justin et de l'amener dans le petit boudoir à côté de sa salle de bain privée. Il devrait l'y attendre. Il était curieux de voir la réaction du jeune homme face à cette situation inversée. Il se demanda s'il s'y plierait ou pas… Le professionnalisme, ou le sentimentalisme ?
Le dilemme risquait d'être exquis, il s'en lécha la lèvre supérieure d'avance.

***

Après un assez long moment, l'un des acolytes d'Akira Mori vint taper à l'épaule d'Eerie Woodwitch, pour l'inviter à venir s'asseoir à la table du propriétaire des lieux.
- " Il peut pas venir lui-même ? " répondit-il au type avant de se retourner de nouveau vers le bar. Dans la glace, il vit ce dernier jeter un coup d'œil à son employeur, échanger quelques signes de tête, puis repartir s'asseoir à quelques tabourets de là.
Akira Mori se leva nonchalamment de son fauteuil et vint prendre possession de la place libre à droite de Trowa.
Il resta sans rien dire pendant cinq minutes. Eerie lui jetait des petits coups d'œil en coin, se demandant ce que l'énergumène lui voulait. Finalement, ce dernier opta pour une approche directe.
- " Jeune homme, vous avez les yeux les plus séduisants que j'ai vu depuis des années. "
Silence.
- " Pas très originale comme approche. "
- " Ah ah ah ah ah ! " s'éclaffa Mori. " Effectivement, cette phrase ne date pas d'hier, il va falloir que je me renouvelle. " fit-il en souriant.
Il était déjà assez laid à tête reposée, mais en souriant c'était pire. Trowa soupira intérieurement. Mais il n'avait pas le choix, il avait accepté de se le coltiner, il n'allait pas reculer maintenant… Pourtant le gars faisait peur à voir.
- " C'est la première fois que tu viens dans ma discothèque, je t'aurais déjà remarqué sinon. "
- " Ouais, un pote m'a dit que c'était pas mal, et m'a conseillé de venir y faire un tour. "
- " Et alors ? "
- " … Banal. "
Le requin sourit.
- " Vraiment ? Mais il n'y a pas que cette grande pièce tu sais, l'immeuble est beaucoup plus grand qu'on ne se l'imagine. "
Trowa eut presque un hoquet. Il n'avait jamais vu un bougre aussi rapide dans ses négociations.
Akira posa un doigt sur son bras et le laissa courir sur sa peau nue. La sensation était très désagréable, bien loin de ce qu'il avait ressenti lorsque Quatre le caressait.
- " Ca te dit de visiter ?" -il avec un sourire reflétant son hypocrisie.
Trowa le regarda d'un air hautain.
- " Désolé, mais je ne suis pas venu pour me prostituer ce soir. " fit-il.
- " Mais qui te parle de prostitution ? Voyons… Je suis sûr que tu aimes jouer avec ton corps, non ? Aller, avoue ! Un homme comme toi à tout le monde à ses pieds. Tu n'as qu'à choisir et il ou elle est à toi… Alors ne me dis pas que tu n'as pas l'habitude de ce genre de petit jeu. "
Il ne répondit rien.
- " Tu sais, je suis plutôt doué en la matière " continua le saligot, " J'ai une très bonne réputation ! "
- " J'en ai entendu parlé… Il paraît que tu tombes les jeunes garçons comme des mouches ! "
- " Ah ah ah ! Eh oui, c'est vrai. Mais ils sont jeunes et viennent pour avoir une première fois excitante à raconter aux copains ! "
A quels copains est-ce qu'ils iraient le raconter, vu qu'ils n'en ressortent pas vivant la plupart du temps ?
- " Mais avec toi… Je suis sûr que je vais être élève et non pas le maître…N'ai je pas raison ? "
Eerie eut un petit sourire en coin. Cela lui plaisait qu'on le flatte.
Il joue son rôle à la perfection. Ce garçon est vraiment épatant. Je ne le veux que plus !
- " Ah tu vois, je savais que ça te plairait comme idée " fit l'homme aux yeux de fouines. " Aller, ne te fais pas prier et suis-moi… " fit-il en se levant et en commençant à partir. " … aller, viens ! "
Trowa secoua la tête. Cette fois, il entrait dans la gueule du loup. Il finit son whisky coca d'une traite, puis se leva et consenti à suivre le monstre dans son repère.


***~~~***


10 En direct live


Quatre se rongeait les sangs dans la chambre de bonne située en face de la discothèque " La caserne ". Il avait les yeux scotchés à l'écran. L'image était un peu floue, mais assis à environ un mètre de l'écran, elle devenait de bonne qualité. Il ne tenait pas en place, il gigotait sans arrêt.
- " Mais vas-tu un peu de calmer, Quatre !? " fit Zechs qui commençait à être excédé.
- " Désolé " répondit le jeune homme qui n'en cessa pas moins ses activités horripilantes.
- " Bon, il en est où ? " fit la voix de Duo dans la radio.
- " Il discute avec l'ennemi " répondit Zechs, " et je pense que c'est bien parti. Duo t'es en position ?"
- " Ouais tout baigne, mon détonateur meure d'envie de faire boum ! "
- " Et toi Wufeï ?"
- " Shenlong décolle quand vous voulez. "
- " Heero ? "
- " En place, je dois maintenant insérer la membrane dans le tuyau. "
- " Parfait, tu dois encore disposé d'un bon quart d'heure, voir d'une demi-heure… Ah ! Ca y est, ils montent. Il est rapide le bougre."

***

Heero avait revêtu une combinaison noir moulante pour permettre un déplacement plus aisé dans les conduits qui s'avéraient parfois très étroits. Il avait un sac à dos contenant le matériel pour mettre en place la membrane et le poison, ainsi que son nouvel achat et la boite de munitions qui allait avec, plus son matériel de grimpe.
Il n'était pas dans une position très confortable pour travailler. Le tuyau d'alimentation d'eau passait en parallèle à un conduit d'aération, à la verticale. Il avait dû utiliser son matériel d'escalade, et il était actuellement assis dans son baudrier. Il avait découpé un rectangle de 30 cm sur 20 dans la cloison du conduit, au niveau où devait passer le tuyau d'alimentation. Une fois le tuyau à découvert, il s'était mis à travailler sur l'insertion de la membrane.
La salle de bain se trouvait un bon mètre plus haut, et une dérivation du tuyau indiquait l'endroit où se trouvait le robinet de la baignoire. Etant au dernier étage, il n'y avait pas de risque de contamination des autres conduits d'eau, sauf lorsque la baignoire se viderait. Heero inséra la membrane dans le tuyau amenant l'eau chaude. Il enfonça une vis dans le tuyau adjacent, permettant la re-descente des eaux usées. Lorsqu'il viderait la baignoire, il lui suffirait de retirer la vis pour provoquer une fuite et mettre hors circuit le système d'alimentation d'eau. Il ne versa pas le poison de suite, il ne fallait pas qu'il s'assèche dans la membrane en attendant l'ouverture du robinet d'eau.
Ensuite, il remonta d'un cran en utilisant ses cordes, et se plaça, toujours assis dans son baudrier, en face de la salle de bain. Il sortit son arme améliorée, y fixa le viseur, le chargea, et observa. Juste avant le viseur était placée une loupe qui permettait d'agrandir l'image, et de gagner ainsi en précision. Il distinguait nettement les contours de la salle de bain et des meubles en bleu. Le bleu ne reflétait aucune chaleur, c'était le rouge pour la chaleur humaine, et le vert pour la cible, une fois que celle-ci était repérée. C'est ce que Trowa devait lui indiquait s'il avait besoin de son aide, avec un geste bien précis.

***

- " Quatre, je ne te savais pas aussi nerveux ! "
Le petit blondinet était limite affolé.
- " C'est que… "
- " C'est parce que c'est Trowa, que tu réagis comme ça ? "
Signe de tête affirmatif.
- " Je te comprends. Mais tu sais bien que si l'on s'aperçoit que la situation dégénère, on a qu'à traverser la rue et monter sept étages pour y être. "
- " Justement, ça va nous prendre trop de temps. "
- " Mais Heero est déjà sur place pour agir et Duo en bas de l'immeuble prêt à créer une diversion. "
Cela ne le rassurait pas pour autant.
- " Et fait aussi un peu confiance à Trowa, c'est pas un premier né, il sait comment se débrouiller, tu ne crois pas ? " fit Zechs, avançant son dernier argument.
- " Tu as raison " admit Quatre en soupirant, " c'est juste que j'ai du mal à contrôler mes sentiments. "
- " C'est normal, je comprends, c'est ton premier amour, c'est évident que tu as de quoi t'inquiéter. "
- " Ils entrent dans la salle de bain ! " hurla presque Quatre.
Il rougit aussitôt de confusion, ce qui fit sourire le grand blond.

***

Les voilà !
Heero eut un mini sourire aux lèvres. Le monstre allait enfin passer à trépas. Son viseur lui indiqua que sept individus venaient d'entrer dans la salle de bain : cinq grands costaux qui devaient être les gardes du corps, plus deux silhouettes plus frêles. Il repéra Akira Mori sans problème : ce crétin s'était fait un chignon. Il plaignit Trowa sur ce coup là.
Durant ce qui lui paru une éternité, les sept hommes ne bougèrent pas de place. Les cinq gorilles étaient près de la porte, Akira Mori était assis sur le rebord de la baignoire qu'il ne se décidait pas à remplir, et Trowa se tenait au centre de la pièce, debout les bras croisés.
Enfin, l'un des gardes se mit à bouger. C'est pas trop tôt ! Il se dirigea vers la porte du mur de gauche et disparu. Il revint moins d'une minute après, suivi par une autre silhouette beaucoup plus petite, plus frêle, et plus fragile.
Heero serra les dents en devinant qui était le nouvel arrivant.

A suivre…

Gwen, 07 décembre 2002

 

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