Chapitre 7 :


Et ben, ça en fait de l’équipement…

Toya avait devant lui tout un tas de protections diverses et variées, allant du simple bouclier à l’armure complète, ainsi qu’un grand nombre d’armes toutes aussi variées.

-Vous pouvez choisir ce que vous voulez, elles ont toutes étés crées dans ma forge, mais ce ne sont que des armes communes, ne vous attendez pas à trouver d’armes ou armures spéciales. leur dit Latanel qui allait aussi faire office d’arbitre.

Il y a un détail qui m’échappe là…

-Dites Latanel, pourquoi vous m’avez fait choisir une arme dans votre magasin quand j’aurais pu la choisir maintenant ?
-Parce qu’une arme il faut apprendre à la connaître, on ne peut pas la choisir comme ça juste avant un combat.
De plus je voulais voir si tu saurais reconnaître une bonne arme par toi-même.
-D’accords pour le deuxième point, mais pour le fait de choisir son arme avant le combat, pourquoi vous en proposez s’il faut justement apprendre à les connaître ?
-Tu peux changer d’avis et vouloir te battre avec une autre non ? Ou en vouloir une deuxième, après c’est à toi de te débrouiller, moi je te donne la chance de connaître une arme, mais après tu fais ce que tu veux.
-Ah… merci alors… euh… je vais me préparer.

Toya avait tendance à se sentir tout petit à côté du grand forgerons, non pas seulement par sa taille, mais aussi par la prestance qui émanait de lui.

-Part pas si vite, il te faut une protection quand même, tu ne peux pas entrer dans l’arène sans avoir au moins le strict minimum pour protéger ta vie.

Ah oui, pas bête…

-Je n’utilise pas de bouclier, quant aux armures je n’en ai jamais portée, ça me gênerais plus qu’autre chose.
Vous n’auriez pas quelque chose de léger qui me protègerais sans me gêner ?
-On ne peut pas tout avoir, si tu veux une bonne protection elle sera forcement contraignante, il n’y a aucune armure magique ici.
Mais tu peux prendre un simple plastron, il protègera tes points vitaux sans te gêner.
Mais tout le reste sera à nu, si Phoriel te touche, il prendra l’avantage immédiatement.

Il suffit qu’il ne me touche pas alors.

-Je prends le plastron léger, ça devrait aller.

Toya avait confiance en ses capacités.
Il ne savait pas jusqu’où sa force pouvait aller, mais de ce qu’il en avait vu, elle suffirait largement pour son adversaire du moment.

Il estimait qu’Enael devait être légèrement plus forte que Phoriel, et que si elle avait un peu plus confiance en elle –et moi peur de blesser-, elle pourrait le battre sans trop de problèmes.
Mais il n’avait pas vu tout ce que savait faire Phoriel, ni comment il se battait avec un bouclier et une armure –ce qu’il enfilait pendant que Toya enlevait la chemise que lui avait donné Bevial pour la troquer contre le plastron.

On verra bien de toute façon, je ne peux plus reculer, c’est mon avenir qui dépend de ce combat.

Une fois enfilée, Toya se rendit compte que Latanel avait dit vrai : Le plastron n’avait que d’une bande métallique qui barrait le torse en diagonale, protégeant le cœur et les poumons, mais rien d’autre.
Mais ça ne le contraignait absolument pas dans ses mouvements, ce qui lui convenait parfaitement.

Phoriel par contre il s’est transformé en boite de conserve…

Le jeune ange avait enfilé une lourde armure qui ne laissait visible que sa tête –il tenait son casque à la main-, ses avant bras et ses jambes.

Elle n’est pas très esthétique…
Un plastron complet qui recouvre le dos et le torse sans laisser d’ouverture, deux épaulettes pour couvrir les épaules et… c’est quoi le nom déjà ?
Bah, deux morceaux de métal qui pendent pour protéger ses cuisses.
C’est assez vulgaire, mais ça remplit son office, j’imagine qu’on ne lui en demande pas plus…

Dur de passer à travers, je ne pourrais pas le blesser aux points vitaux.
Mais ce n’est pas plus mal, le tout est assez lourd, si je lui inflige des blessures aux jambes, il n’arrivera plus à porter le poids de sa propre armure.
Je pourrais aussi le désarmer, ou encore l’assommer en mettant un coup sur son casque…

Toya n’arrivait pas vraiment à se décider sur la conduite à tenir :

Le blesser aux jambes exposerait ma tête et mes épaules à des coups dangereux lors de l'impact–les coups à la tête étaient interdit, mais un accident était vite arrivé, et ce genre d’accident était généralement le dernier pour celui qui prenait le coup…-, mais lui permettrait de finir le combat sans trop se fatiguer et de manière presque assurée s’il ne se faisait pas toucher les deux/trois fois où il aurait à frapper.

Le désarmer pouvait être une bonne solution, mais il ne savait pas trop comment si prendre…
Il y avait pensé d’instinct, mais à chercher comment faire il n’avait pas trop d’idée.

Le plus sûr restait de l’assommer, en adoptant une technique de hit and again qui lui permettrait de le fatiguer sans trop s’exposer.
Mais ça risquait d’être long vu l’armure et la musculature respectable de son adversaire.

Bon, on verra comment ça va se dérouler, j’agirais en conséquence. pensa-t-il en fixant sur son front le bandeau métallique qui le protégerait en cas de mauvais coup.

-Anges de Lestoria ! s’exclama l’un des anciens du conseil.
Voilà bien longtemps que nous n’avons plus vu de duel entre un de nos enfants et un étranger.
Mais ce n’est pas un étranger comme les autres, Toya n’appartient à aucuns villages ni aucunes villes, et aujourd’hui nous avons accepté sa requête de défendre les chances de notre ville au grand tournoi de la Lune Noire, mais seulement s’il bat notre actuel représentant, le jeune Phoriel.
Mes enfants, je vous souhaite bon courage. conclu-t-il avant de retourner sur l’estrade où se tenait les autres anciens.

L’arène était assez grande, elle faisait près de vingt mètres de long comme de large, ce qui donnait l’avantage à Toya qui allait pouvoir faire un peu courir son adversaire beaucoup plus équipé.
Il y avait une petite estrade où se tenaient les anges du conseil et quelques autres –comme Latanel- situé en face de l’entrée du village, et les autres villageois s’étaient éparpillés un peu partout autour de l’arène, qui n’était en fait qu’un trou enfoncé de deux mètres dans le sol.

Une fois Toya et Phoriel descendu dans l’arène, Latanel prit la parole :

-Les règles sont simples : Pas de coup à la tête, pas de coup mortel, le vainqueur est celui qui arrive à désarmer son adversaire ou à le rendre inconscient.
Les combattants peuvent déclarer forfait s’ils le souhaitent, le combat prendrait alors immédiatement fin.
L’utilisation de la magie est interdite, mais les esprits sont autorisés.
Voilà, si vous n’avez pas de questions, en garde combattants, et que Dieu veille sur vous !

Phoriel portait une épée longue et un petit bouclier, il semblait nerveux et se jeta sur Toya dès que Latanel eut fini sa phrase.

Hola, motivé gamin !

Esquivant facilement l’attaque de son adversaire, Toya adopta une approche en douceur : Il laissa Phoriel attaquer à plusieurs reprises, pour voir sa vitesse, ses réactions et sa technique… et surtout parce qu’il n’arrivait toujours pas à ce décider sur le plan à adopter.

-Rhaaaaa !

Phoriel était trop lent pour pouvoir toucher Toya, et sa seule technique semblait consister à se lancer inlassablement sur son adversaire en frappant avec une tranche verticale de toute ses forces.

Et bien, si c’est lui le champion ils n’ont pas du souvent le gagner le tournoi…
Bon, on va s’y mettre tout doucement.

Après les six assauts manqués qu’il venait de lancer, Phoriel semblait un peu essouffler et commençait à comprendre que ça ne le mènerait à rien.
S’approchant doucement de Toya l’épée et le bouclier en avant, il s’arrêta à deux mètres de lui.

Toya tenait Aurore d’une main, la lame tranquillement posé sur son épaule.

Je sens que je devais bien aimer titiller mes adversaires au combat moi…

Faisant tournoyer Aurore dans le vide, il pointa la lame vers Phoriel, mettant leurs armes respectives pointe contre pointe.

Le jeune ange était de plus en plus nerveux : L’attitude désinvolte de Toya, son assurance et son aisance à éviter chacune de ses attaques avaient porté un sérieux coup à sa confiance en lui.

La peur commençant à l’étreindre, il se lança une nouvelle fois l’épée en avant en hurlant de rage.
Son épée glissa contre Aurore jusqu’à ce que d’un mouvement sec, Toya la repousse, faisant perdre l’équilibre au jeune ange dont l’épée venait de se planter dans le sol.

Toya n’avait fait que faire faire une rotation à son sabre, mais ses mains avait guidées Aurore sans qu’il les contrôle et il avait réussit à faire dévier la course de l’épée de son adversaire vers le sol où elle s’était plantée, stop net sa charge.

Le sabre de Toya aussi était vers le bas, mais pas planté, juste posé contre la lame adverse.
Avançant d’un pas moins d’une seconde après que l’épée de son adversaire se soit planter dans le sol, Toya maintenu la pointe d’Aurore dans le sol, lui permettant de prendre le manche à l’envers avant de porter un violent coup rotatif à son adversaire, l’envoyant deux mètres en arrière.

Il tenait son sabre le long de son bras, toujours à l’envers.
L’épée de Phoriel par contre était loin de son propriétaire, toujours plantée dans le sol.

-Fin du combat ! annonça Latanel.

Et bien, le désarmer fut plus facile que ce que j’avais imaginé, il ne tenait pas son épée assez fermement…
Il n’était largement pas du niveau d’Enael, ou alors il devait vraiment être stressé.
Si ça se passe aussi bien pendant le tournoi, c’est du tout cuit…

Enlevant son casque, Phoriel se releva péniblement avant que Toya ne vienne l’aider.

-Merci seigneur Toya…

Oh ça va pas recommencer…

-Je ne suis pas un seigneur, juste un combattant comme toi.
Tu te débrouilles pas trop mal en tout cas, tu manques d’expérience et d’entraînement, mais ça viendra avec le temps. lui dit-il avec un clin d’œil.
-Merci… Toya.
En tout cas le résultat est clair : je ne mérite pas de rentrer au tournoi de la Lune Noire cette année…
-Cette année ? Il n’y en a pas un tous les mois ? demanda-t-il en se dirigeant vers la sortie où les attendait Latanel et Enael.
-Ca dépend s’il y a suffisamment de combattants fort pour passer les éliminatoires, oui, mais ce n’est pas le problème : Je n’ai pas le niveau pour le moment, je vais m’entraîner encore plusieurs mois avant de m’y présenter !

Eliminatoires ?
C’est marrant mais j’ai l’impression qu’elle à oublier de me parler d’un petit détail ou deux l’autre maline…

-Félicitation à Toi, Toya, tu as brillamment remporté ce combat, nous te reconnaissons comme champion de Lestoria ! annonça le vieil ange du conseil qui c’était exprimé plus tôt.
Quand à toi Phoriel, tu es encore jeune, ce n’est que la première année où tu es autorisé à participer au tournoi de la Lune Noire, tu auras bien d’autres occasions de prouver ta valeur.
-Merci Seigneur Darciel. répondit le jeune ange.
-Merci… Seigneur Darciel.

Toya n’avait pas l’habitude d’appeler les gens « Seigneur », il sentait que ça bloquait, et qu’il allait avoir beaucoup de mal à s’y faire…

-Viens avec moi Toya, nous allons t’expliquer comment vont se dérouler les évènements à venir.

* * * * * * * * * * * * * * * * * *

Le Seigneur Darciel était –comme les quatre autres anges du conseil de Lestoria- un ange de haut rang, un ange ayant plus de mille ans.

Plus de mille ans… wha…

Toya avait du mal à imaginer ce qu’un être ayant vécu plus d’un millier d’années pouvait bien ressentir.

Il est… cinquante fois plus âgé que moi.
Pff, je me sens tout petit d’un coup…

Le chef du village –Le Seigneur Darciel- l’avait convier dans sa maison où ils allaient tenir une session extraordinaire pour expliquer à Toya comment les choses devaient se dérouler.
Il y avait les cinq membres du conseil, Latanel, Enael et une autre dont Toya ne savait rien.

-Félicitation pour ta victoire Toya, même si ce ne fut pas vraiment un challenge, tu as montré de grandes capacités. commença Latanel.
-Merci, mais je n’ai pas vraiment conscience de mes actions pour le moment, c’est mon corps qui agit d’instinct plus qu’autre chose.
-Ce qui prouve que tu as des capacités encore bien plus grandes. conclu l’ange dont Toya ne savait rien.

Je suis assez d’accords, mais si je perds ces réflexes au profit de ma réflexion je n’arriverais pas à aller aussi vite que ce que mon corps fait tout seul…
Enfin, ça peut revenir tout seul, qui sait ?

-Je te présente Lael, elle fut à une époque la prêtresse de notre petit village, c’est elle qui a formé Enael.
-Enchanté. Mais, vous n’êtes plus la prêtresse du village ?
-Non, j’occupe d’autres fonctions depuis quelques années, j’ai été remplacée par Enael il y a cinq ans, elle officie comme tel sur Lestoria et Delorgia (1) depuis lors.
-A l’âge de quinze ans ?! lâcha-t-il en se retournant vers Enael.
-Qu’est-ce que tu crois, je suis très douée !
-On dirait pas comme ça… et vous occupez quoi comme fonction maintenant, si ce n’est pas trop indiscret ?
-J’enseigne la sorcellerie dans toute la région.

Toya marqua une pause tellement la manière dont elle avait dit ça lui avait fait de l’effet.
Elle n’avait rien de malicieuse, mais le petit sourire en coin qu’avait cette grande brune au yeux vert lui glaçait le sang.

-Les anges de Phencors (2) ne sont pas très doués pour la magie en règle générale, ils sont plutôt adepte de la force brute, ce qui rend ma tache assez difficile.
Mais en fait je cherche des anges ayant certains dons et je leur enseigne à eux, et tout le problème est en fait de trouver ces anges là…
-Et vous en avez trouvé ?
-Une dizaine en cinq ans.
Dans la province du Seigneur Raphaël, Philiaria, c’est tout le contraire, se sont les guerriers qui sont impossible à trouver, et c’est bien pour ça que je suis allée là-bas pour étudier et venir former les anges ici.
Maintenant, si tu permet, nous remettrons cette discussion à plus tard, laissons Latanel t’expliquer ce que toi et Enael allez devoir faire.

Je me demande si je pourrais apprendre la magie moi…
Bah, je trouverais bien un moment pour lui demander.

-Très bien, allons-y. commença Latanel.
Le tournoi commence dans cinq jours, c’est le temps que tu as pour apprendre à maîtriser Aurore et l’armure que je vais te confier.
-Je… je n’utilise pas d’armure, je préfère jouer sur ma mobilité que sur une défense importante…
-Je sais, je t’ai choisi un équipement adapté à ton style de combat, se n’est pas une armure comme tu l’entends, c’est un plastron qui a été enchanté par Lael.
-Ah, d’accord.
Pardon, je vous en prie, continuez.
-Nous avons maintenant le nombre exacte de participant : Vingt-quatre.
Mais les niveaux sont vraiment très différents, nous avons donc décidé de séparer le tournoi en deux catégories, les bons et les très bons.

Parce qu’il n’y a ni faible ni moyen ?
Et bah ça promet…

-Nous avons donc fait un groupe de seize et un autre de huit.
Tu es dans le groupe de huit Toya, les très bons.
-Hein ?! Mais comment vous avez pu me mettre avec les très bons ?! Je ne sais même pas si je suis du niveau des bons, j’ai l’impression de savoir me battre, mais rien de précis !
-Tu n'as pas compris : Il y a deux groupes, mais les vainqueurs des deux groupes s’affronteront et c’est le vainqueur de ce combat là qui sera designé vainqueur du tournoi.
Donc de toute façon il va falloir que tu sois le meilleur si tu comptes gagner, donc autant être dans le groupe fort d’emblée, comme ça tu n’aura pas vraiment de surprise.
-Ah… ok…
Mais dans ce cas qu’elle est l’intérêt de faire affronter les vainqueurs des deux groupes ? C’est couru d’avance non ?
-On ne sait jamais, tu sais le test c’est un combat contre un membre de l’armée de la terre, l’armée du Seigneur Uriel, mais être dans un mauvais jour ça arrive, ou même une mauvaise appréciation d’un des soldats chargé d’évaluer les jeunes, etc.
Et puis le niveau est très différent entre le plus fort et le moins fort, mais certains mit dans le groupe des moins bon sont loin d’être négligeables, nous avons seulement estimé qu’ils étaient un peu moins fort que d’autres.
-Et moi vous m’estimez où ?
-Difficile à dire, ton combat contre Phoriel n’a pas prouvé grand chose, mais tes capacités latentes semblent être assez impressionnantes.
Ton gros point faible par rapport aux autres est le fait que tu n’es pas d’esprit protecteur, ça par contre ça va jouer contre toi.

Hm, mais je ne pense pas qu’on puisse en trouver un qui m’accepte en moins de cinq jours…

-Et je fais comment alors ?
-Tu fais sans. Intervint Lael.
Mais ne t’en fait pas, les armes et armures que tu as à ta dispositions sont exceptionnelles, peut-être même les meilleures du tournoi.
-J’ai du mal à comprendre comment des armes si puissantes peuvent se trouver dans un si petit village… elle ne seraient pas mieux au front, pour aider à combattre les démons ?

Lael marqua un petit silence.

-Au front il y a les meilleurs combattants parmi les anges, des guerriers, des sorciers, des prêtres tous plus redoutables les uns que les autres.
Ils ont tout l’équipement qu’ils leur faut crois moi.
Nous n’envoyons plus nos jeunes anges dans les fronts les plus chaud, ils se contentent de garder les villes et de patrouiller en campagne.
Et une armes comme Aurore choisit elle-même son maître…

Hein ?

-Tu t’en es déjà rendu compte Toya, reprit Latanel, Aurore est une lame intelligente, capable de comprendre son porteur.
C’est parce qu’elle est habitée par un esprit.
Si cet esprit t’avait rejeté, tu n’aurais pas pu ressentir le sabre à l’intérieur de toi.
-Habitée par un esprit ? Mais alors, Aurore…
-Oui, c’est le nom de l’esprit qui habite le sabre.


Après tout pourquoi pas, je vois pas trop ce que ça change en fait…
En tout cas ça explique comment il peut me « comprendre ».

-Donc ce sabre m’était destiné ?
-Pas spécialement, l’esprit peut accepter qui il veut, elle m’avait accepté quand je l’ai reçu de mon maître il y a des années.
Mais ça veut dire qu’elle te fait confiance et te reconnaît comme maître, ce qui est déjà un bon point.
-Elle ?
-Aurore est un esprit des glaces, et un esprit féminin.


Pourquoi pas ?

-Vous avez autre chose à m’apprendre sur cette lady ? soupira Toya un peu fatigué d’assimiler des informations plus délirantes les unes que les autres tout au long de la journée..
-Pas vraiment, sourit Lael, l’armure est moins exceptionnelle mais est très bonne quand même, mais je t’expliquerais ça plus tard.
Nous avons donc cinq jour pour t’entraîner et voir de quoi tu es vraiment capable.
Niamanoel est un chevalier céleste, il revient au village demain spécialement pour le tournoi, c’est avec lui que tu t’entraîneras au sabre.
Latanel et moi t’aiderons à maîtriser Aurore dans le même temps.
Ensuite si tu parviens à gagner le tournoi, tu seras convié à Ishtaria où tu rencontreras le Seigneur Uriel. A partir de là tout sera entre tes mains… et les siennes.


* * * * * * * * * * * * * * * *

Après un repas plus que copieux –la tête d’Enael et Latanel quand ils l’avaient vu manger avait été le moment le plus hilarant de la journée-, Toya était reparti en forêt s’entraîner avec ces derniers.

Malgré ses dires, Latanel était un bon combattant : Il manquait certes de technique par rapport à Toya, mais sa force physique et sa curieuse agilité aux vues de sa taille faisait de lui un adversaire redoutable, bien plus que Phoriel ou Enael.
Chaque coup qu’il dispensait à l’aide de son énorme épée à deux mains –une lame d’un mètre cinquante pour un poids que Toya n’osait même pas imaginer- faisait reculer Toya de cinq mètres.
A force, il avait fini par ne plus parer aucun coup pour préférer les éviter, les vibrations dans ses mains commençant et l’éprouver sérieusement.

En fait ce qui l’étonnait surtout c’est qu’il était capable d’encaisser autant de coup avant de finir par faiblir.
Mais Latanel lui donnait des réponses au fur et à mesure du combat :

« C’est Aurore, elle diminue l’impact des coups grâce à son aura et en donnant à tes mains un léger mouvement de recule au moment de l’impact »

Une autre chose qui l’étonnait était le fait qu’il soufflait, mais pas tant que ça par rapport à la violence des coups qu’il donnait et à la rapidité à laquelle le forgerons le forçait à bouger.
Il avait du subir un bon entraînement depuis des années, ses réflexes étaient au top niveau, tout comme sa condition physique.

Mais par rapport à Latanel qui lui ne s’essoufflait pas du tout, il commençait à avoir beaucoup de mal à suivre le rythme.

-Si... si vous, vous n’êtes pas un guerrier, je ne vais pas tenir un round contre votre chevalier céleste ! lâcha-t-il avant de s’écrouler, à bout de souffle.
-Tu te trompes, si je ne m’essouffle pas, ce n’est pas grâce à un quelconque entraînement, c’est uniquement parce que mon esprit protecteur me prête son énergie.
Sans lui, j’aurais succombé depuis longtemps.
-Quoi ?! Mais s’il y en a qui ont ce type d’esprit avec eux, je n’ai aucune chance de gagner !
-Du calme, Lanor, mon esprit protecteur, n’augmente pas ma force ni mes capacités, il me procure juste l’endurance qui me fait défaut.
Si tu avais voulu me vaincre, en frappant des points vitaux, tu l’aurais emporté.
-Peut-être, mais ce n’est même pas sûr…
Mais vous n’êtes pas un combattant, vous me l’avez dit vous même, alors imaginez quelqu’un de mon niveau qui en plus aurait cet avantage.
Je ne tiendrais pas une chance, il m’aurait à l’usure !
-C’est vrai, mais ne t’inquiète pas, tu ne risques pas de voir ce genre d’esprit au tournois…
J’ai près de six-cent ans, et je n’ai pu me lier à un esprit comme Lanor qu’à l’âge de quatre-cent ans, je vois mal un jeune de vingt ans arriver à soumettre ou à se faire apprécier d’un esprit comme Lanor !
-Mouais… enfin si je pouvais me lier avec un esprit ça ne serait pas plus mal quand même.
-Bref, allons nous reposer, il faut que tu sois en forme demain quand Niamanoel va arriver, parce qu’il est particulièrement dur et sévère avec ceux à qui il enseigne.

Et bah ça promet…
Pff, j’ai envie de faire la grasse mat’…
J’ai envie d’un bon lit et de…
Ah oui tiens ça c’est pas bête au fait.

-Dis Enael, tu dors où cette nuit ?
-J’ai une cabane aménagée juste à l’entrée de la ville, il n’y a qu’une paillasse lit mais on doit pouvoir s’arranger. Lâcha-t-elle en lui donnant une tape dans le dos.

S’a… s’arranger ?
Je sens que je vais avoir du mal à dormir…
Elle est pas consciente à quoi peut bien penser un homme quand il est avec une très jolie femme tout seul dans une « paillasse »…

Bon, je ne suis pas une bête non plus, je vais arriver à me contrôler… mais je vais pas arriver à me reposer, je le sens…

* * * * * * * * * * * * * * * * * *

Après avoir dit au revoir à Latanel, Toya et sa compagne de route c’était tranquillement installés dans la petite cabane de cette dernière.

Elle était assez petite, mais confortable à sa manière.
Il n’y avait qu’une paillasse, une petite armoire, une table et quelques chaises, mais Enael ne semblait pas avoir besoin de beaucoup plus et le tout était vraiment chaleureux.

-Je vais me laver à la source, viens avec moi je vais te montrer où c’est.
-Euh… je te suis…

Toya commençait à être fiévreux, il n’arrêtait pas de penser à la nuit qu’il allait passer coller à Enael.

Elle était vraiment belle, plus il passait du temps avec elle et plus il s’en rendait compte.
Ce n’était pas seulement physique, c’était surtout sa manière d’être tout en grâce et en finesse –jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche pour laisser apercevoir son sale caractère.
Mais ce n’était qu’un de ses autres charmes.

Non, non pense pas à ça !
Ce n’est qu’une amie, une compagne de voyage, et en plus tu n’es même pas de la même race qu’elle !

En même temps je ne suis pas raciste… et puis je suis célibataire non ? Alors où est le mal ?

Et qu’est-ce que tu en sais que tu es célibataire ??! Si ça se trouve tu as une femme et des enfants !

Hé oh, faut pas déconner, je n’ai que la vingtaine, je ne dois pas avoir d’enfants, et puis si je vais pas me retenir toute ma vie pour quelqu’un qui n’existe peut-être même pas !

Attend, une nuit c’est pas toute la vie, t’as repris conscience il y a seulement deux jours !

Pff, marre, on verra bien tout à l’heure, et puis peut-être qu’elle va vouloir qu’on prenne notre bain ensemble.
C’est romantique un bain dans une source en pleine nuit…

Non, non, non et non !

-Ca va pas Toya ?
-Whaaa ! s’exclama-t-il en appercevant le visage d'Enael à cinq centimètres du siens.
T’as faillit me faire sauter le cœur, ça va pas non ?!

Enael le regarda deux seconde avec de grand yeux avant de finir par dire :

-T’es pas net ou quoi ? Tu étais entrain de te frapper la tête en geignant contre je ne sais même pas quoi !
-Ah… euh… c’est rien, je me disputais avec moi-même…

Elle marqua une nouvelle pose de quelques secondes avant de conclure :

-Latanel à du te frapper plus fort que je ne pensais, t’es sérieusement atteint là.

Ah ah, bon ben c’est réglé de toute façon : Elle me prend pour un schizo.
Quoi qu’elle a peut-être pas tort…

-Je plaisantais, j’avais juste un peu mal au crane c’est rien, la journée à été fatigante ! se reprit Toya en espérant qu’elle marche –même si ce n’était pas faux en soit.
-Tu veux que je t’ausculte ?
-Euh… non… ça va aller... merci…
-Tu ferais bien d’aller te coucher rapidement si tu veux mon avis. conclu-t-elle en le regardant d’une drôle de manière.

Ouais, mais le problème c’est qu’on dors ensemble…

Se remettant en marche, ils arrivèrent après quelques minutes à une espèce de petit lac d’une trentaine de mètres de diamètre.

Toya fut fasciné par la clarté de l’eau.
Normalement avec tous les arbres qui se trouvaient autour, il y aurait du y avoir des feuilles à la surface de l’eau et de la vase au fond, mais il n’y en avait pas la moindre trace.
Il pouvait parfaitement voir le fond de l’eau qui devait quand même être à au moins deux mètres de profondeur.

-Mais comment ? souffla-t-il sans lâcher l’eau des yeux, comme par peur qu’elle disparaisse.
-C’est une source magique, elle purifie le corps et l’esprit, elle est toujours claire et on peut la boire en toute saison, elle soigne les blessures et guérit les maladies.
Tu vois le fond, ces petites algues bleues qui poussent à droite et à gauche là-bas ?
Ce sont eux qui rendent cette source ensorcelée, ce sont des plantes rares et bénéfiques.
-Et personnes n’essaye de les voler ?
-Non, elles ne peuvent pas survivrent en dehors de l’eau, ça ne présente donc aucun intérêt.
Et le vol n’est pas quelque chose de très répandu par ici, surtout en temps de guerre, nous sommes loin des villes du front ou la misère c’est tellement répandue que le vol est réapparu…

Réapparu ?

-Parce qu’il avait disparu ?
-Disons plutôt qu’il n’existait pas chez nous.
Dans un monde où tout le monde mange à sa faim et où tout le monde vit bien, l’envie et donc le vol sont quelque chose qui n’existe pas.
Les anges ne sont pas comme les démons, nous n’avons pas besoin de grand chose pour vivre, nous nous contentons largement de tout ce que nous possédons : Connaissance, puissance, éternité.
Si nous voulons quelque chose, je ne sais pas, par exemple apprendre pour devenir sorcier, nous avons le temps.
Si nous voulons changer de pays pour nous axer sur la recherche plus que sur la simplicité de la terre, rien ne nous en empêche.
Pourquoi voler ces algues ? Elle sont rares mais pas impossible à trouver, si on en veut près de chez soit, il suffit d’attendre qu’elles donnent de la semence.

Toya se rendait compte que les anges avaient une manière de voir les choses assez différente de la sienne : Ils n’étaient pas pressé, ils laissaient faire le temps.
Les humains étant limités dans le temps, ils avaient tendance à ne pas être patient, à tout vouloir tout de suite.

Même moi, je ne crois pas être un voleur, mais je ne suis pas très patient, prendre des raccourcis est quelque chose dont je dois avoir l’habitude.
« Les êtres les plus astucieux sont les plus grand fainéant » hein ?

Si j’avais l’éternité devant moi je ne me poserais peut-être pas la question de savoir quoi faire dans ma vie, je ferais tout simplement tout…

Han… j’ai la tête qui tourne…


* * * * * * * * * * * * * * * * * *


Toya n’avait pas les idées claires, il ne savait plus ni où il était ni qu’elle heure il pouvait bien être.

Ca va pas recommencer les trou de mémoire…

Il entendait le bruit de l’eau, il se sentait y flotter, tranquillement bercé par les doux bras qui caressait son torse.

Stop !
Retour en arrière !

Il entendait le bruit de l’eau, il se sentait y flotter…

Ça, ok…

Tranquillement bercé par les doux bras qui caressait son torse.
...
C’est bien ce que j’avais cru comprendre !

Essayant d’ouvrir les yeux, il se heurta à la douleur des yeux qui n’ont pas vue la lumière depuis plusieurs heures.

-Hm… grogna-t-il en essayant, sans succès, de se remettre d’aplomb.
-Tu es réveillé Toya ? lui susurra-t-elle à l’oreille.
-Non je crois pas non, je suis en plein délire là…

Il sentait qu’il était entièrement nu, et à la douce pression qui s’exerçait sur son dos, il estimait qu’elle aussi.

-Allez, arrête de faire ton idiot… dit-elle en lui mordillant l’oreille.

Malgré la fraîcheur agréable de l’eau , Toya sentait le sang lui monter à la tête, et descendre autre part…

-A… attend ! Qui… qu… qu’est-ce qu’on fait là ? Où on est ?!

Il commençait à y voir un peu plus clair, et le doux visage d’Enael au-dessus du sien se dessinait de plus en plus clairement.

Oui, je me rappel, je me suis assoupi hier près de la source !
Mais je n’étais pas rentré dans l’eau, et j’étais encore habillé surtout !

-E… Enael ?
-Oui mon cœur ? répondit-elle en l’embrassant dans le coup –Toya commençait sérieusement à se laisser faire sans chercher à résister.
-Qu… qu’est-ce qu’on a fait cette nuit ? J’ai.. quelques problèmes de mémoire…

Enael éclata de rire à ses propos, puis recula de quelques mètres avant d’éclabousser Toya en battant des ailes.

-Hé ! Qu’est-ce que tu fais ! s’exclama-t-il en l’arrosant à son tour.
-J’essais de te réveiller, parce que tu m’as l’air encore endormis mon pauvre.
J’avoue être assez vexée que mon premier an… homme ne se rappelle pas de notre première nuit… dit-elle l’air un peu déçue.

Heiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin ?????????????????!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Non c’est pas possible ! Je m’en souviendrais !!!
Et puis la première ça devra être Chidori ou Yume, pas une ange –aussi belle soit-elle...

L’eau étant toujours aussi claire, il pouvait détailler de haut en bas le corps sans défaut de la jeune ange, dont les courbes affriolantes ne manquaient pas de plus en plus de faire accélérer son rythme cardiaque.

Non c’est pas possible !
Concentre toi Toya, tu peux pas avoir oublier une telle nuit c’est pas possible.


Non, rien ! Il n’y a rien qui reviens !

-Dit Toya ?
-Hein ?
-Tu aurais pas envie des fois ? dit-elle les joues en feu en fixant la partie basse de l’anatomie de son compagnon.
-Ahh ! Non, c’est pas se que tu crois ! lâcha-t-il en se retournant.
-Ah bon ? dit-elle en s’approchant. C’est quoi alors ?

Sentant à nouveau cette douce pression sur son dos, et les jambes de la jeune ange l’entourant, Toya sentit qu’il ne pourrait plus résister bien longtemps.

Prenant sa décision, il se retourna pour lui faire face… mais ce n’est pas Enael qu’il trouva face à lui.

Une longue tunique blanche, de long cheveux noirs bleutés, des traits eurasien, des yeux bleues remplit de larmes…
Ses lèvres bougeaient mais aucun son ne sortait, Toya avait l’impression que quelque chose empêchait la jeune femme de parler.

Et puis d’un coup, elle fut emportée loin de lui dans un rugissement infernal.

-Chidoriiiiiiiiii ! hurla-t-il en se relevant.

Il se trouvait dans la petite cabane d’Enael, assis sur la paillasse à côté de la jeune ange qui venait de se réveiller à son tours.

-Qu’est-ce qu’il y a ?! cria-t-elle.
-Je… j’ai fais un cauchemar, c’est rien... pardon de t’avoir réveillée…
-T’as faillit me faire sauter le cœur… souffla-t-elle en se rallongeant.
Tu as rêvé de quoi ?
-De to… commença-t-il avant de percuter.
-De moi ?
-Euh… tu étais attaquée et euh… je n’arrivais pas à te sauver… et donc euh… je me suis réveillé…

Faut que j’aille faire un tour moi, ça devient irrespirable ici…

-Tu es sur que c’était moi ? Tu as crié « Chidori » en te réveillant…
-Chidori ?

Ce nom lui évoquait quelque chose, il en était sûr.
Il n’arrivait plus à se souvenir des traits de la fille qui lui était apparu, mais ses yeux bleues en larmes étaient gravés à jamais dans sa mémoire.

Chidori…

-Rendors toi, on parlera de ça demain, tu étais tellement épuisé que tu t’es endormi à la source…

Se rallongeant, Toya ferma les yeux quelques secondes... avant qu’Enael ne lui donne un coup de coude.

-Quoi ? lâcha-t-il.
-…
-Enae... ?!

Cette dernière venait de s’agripper à son bras en ronronnant, pressant sa poitrine contre lui dans une même sensation que celle qu’il avait ressentit pendant son rêve.

Tendu au possible, Toya compris pourquoi il avait fait ce rêve, et aussi qu’il n’était pas près de refermer les yeux…


* * * * * * * * * * * * * * *

(1) : Village de Bevial, près duquel c’est réveillé Toya après avoir perdu la mémoire.
(2) : Province du Seigneur Uriel.

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