Chapitre 1 :

 

Six heures quarante, une journée comme tant d’autres allait commencer…

Comme d’habitude il avait veillé tard, trop tard, et les quatre heures de sommeil auquel il avait eu droit ne suffisaient visiblement pas.

-Toya, c’est l’heure ! Allez, debout !

Comme chaque matin, son père devait s’y reprendre à plusieurs fois avant d’espérer pouvoir le faire se lever.
Alors qu’il était sur le point de se rendormir, sa petite télé portable s’alluma et laissa s’échapper un vacarme assourdissant.
Après avoir essayé sans succès de l’éteindre en lançant dessus tout ce qui lui passait par la main, il finit par se lever pour mettre fin à ce supplice auditif.

‘Click’

Ahh, rien ne vaut le silence… pensa-t-il avant de se recoucher.
Allez, encore cinq minutes et je me lève…

-Toya ! Je m’en vais dans un quart d’heure et si tu n’es pas levé d’ici là tu iras à la gare à pied !!

Et merde…

Se relevant péniblement, il alla allumer la lumière avant d’essayer tant bien que mal de se frayer un chemin jusqu’à sa fenêtre.
Le léger vent qui caressa son visage lorsqu’il ouvrit les volets lui fit le plus grand bien.
Malgré la fraîcheur de l’automne, ce petit vent était doux et particulièrement agréable.

Le vent est apaisant et la lune est belle, c’est une bonne journée qui s’annonce…

La lune était à deux jours d’être pleine et sa lueur éclairait parfaitement l’obscurité qui régnait encore.

La chambre de Toya avait deux fenêtres, l’une sur la forêt et l’autre sur la cours de sa maison.
Par habitude, il avait ouvert celle qui donnait sur sa cour, pour dire bonjours à Kitsune.

-Kitsune ? T’es là ma belle ?
-Miaou !

Une petite chatte de six mois pointa le bout de son museau de sous la voiture avant de grimper sur le puit qui se trouvait juste en dessous de la fenêtre de la chambre de Toya, situé au premier étage.

-Alors ma belle, la chasse à été bonne cette nuit ?
-Miaou ! se contenta de répondre sa rousse chatte.
-Je vais te faire rentrer, bouge pas.

Se retournant vers l’intérieur de sa chambre, il analysa un peu la situation… et une seule constatation s’imposa à lui : A coté d’elle, Tchernobyl c’était de la rigolade.

Va falloir penser à ranger…

Sa chambre n’était pas très grande, de l’ordre de quatre mètres sur quatre, et son lit de deux mètres n’arrangeait pas vraiment les choses.
La fenêtre à laquelle il se trouvait était en bout de pièce, à l’opposé de la porte se trouvant au bout du mur à sa droite, après le lit et le bureau de l’ordinateur.
Et pour espérer arriver jusqu’à la porte il lui fallait traverser un océan de manga, cd, DVD, vêtements et autres magazines qui étaient étalés un peu partout.

Essayant tout de même d’atteindre la porte, il stoppa après un mètre devant son grand meuble blanc dans lequel il rangeait tous ses mangas et animes.

Seps cent quarante huit mangas, 46 DVD et plus encore de DivX…

Il commençait à les accumuler, mais il adorait tellement les lire ou les voir que ça lui importait peu, même si ses parents commençaient à se demander où il allait pouvoir ranger les suivants...

Bah, je trouverais bien, « il y a toujours moyen de s’arranger » comme dirait l’autre…

Reprenant son périple vers la porte de sa chambre, il manqua par deux fois d’écraser des babioles qui traînaient un peu partout dans la pièce, et surtout autour du meuble où se trouvait son TV/réveil…

Un de ses quatre je vais vraiment le faire imploser ce truc…

-Toyaaaaaa !!!
-J’arrive, j’arrive ! s’empressa-t-il de répondre.

Si son père avait une certaine patiente, Toya avait un don pour la faire voler en éclat assez rapidement…
Descendant rapidement les escaliers escarpés, il manqua de justesse de se cogner la tête contre l’embrasure de la porte qui se trouvait en bas.

Saleté de vielle baraque !

Pour pouvoir espérer passer cette porte en étant debout lorsqu’on descendait l’escalier il fallait faire dans les un mètre soixante-dix maxi, plus grand c’était la bosse assurée si on ne faisait pas attention…

-Un jour je vais me tuer avec cette porte !
-Et ce sera pas volé ! Nom de Dieu c’est de plus en plus dur pour arriver à te faire te lever le matin !
-Désolé d’être à l’université… Faut bien que je travaille le soir.

Le gros mensonge…

Depuis qu’il avait débuté son université supérieure d’informatique trois mois auparavant il n’avait pas révisé une seule fois.
Il était vrai que pour quelqu’un qui gérait un site internet depuis un an et qui bidouillait son PC régulièrement, une université Info n’était pas un gros problème…

-Toya, réveille toi, je ne suis pas un de tes profs, je suis ton père, pas la peine d’essayer de me faire croire que tu bosses.
-Je vais prendre ma douche. dit-il feignant de ne pas avoir entendu. Ah au fait, ouvre à la chatte, elle attend dehors !

Fermant la porte de la salle de bain derrière lui, il commença à se déshabiller avant d’apercevoir son reflet dans le grand miroir.
Se redressant un peu, il contempla les dégâts qu’avait engendrés l’énorme manque de sommeil sous lequel il croulait : De profondes cernes sous ses yeux bleus, les épaules voûtés et le teint encore plus pale que d’habitude.

Du haut de ses un mètre quatre-vingt dix et de ses quatre-vingt-cinq kilos, on lui disait souvent qu’il était impressionnant.
Depuis quelques temps il avait aussi appris que ses amis le trouvaient triste ou parfois froid.
En tout cas ils étaient d’accord pour dire qu’il ne souriait pas très souvent…

Grand, bien battit, des cheveux noirs sur ses yeux bleus contrastant avec son teint blanc, il était normal que ses amis le trouvaient difficile d’approche…

Mais ce n’était qu’apparence, même si Toya était une personne nerveuse, il se considérait comme quelqu’un de gentil et sociable... enfin relativement.

Finissant de se déshabiller, il rentra dans la douche et fit couler l’eau chaude.
La douche du matin était l’un des moments de la journée qu’il préférait, et il pouvait y rester une bonne heure quand il avait le temps.
Mais là dix minutes suffirait, son père n’allait pas l’attendre in eternam et s’il ne se gardait pas cinq minutes pour manger il serait de mauvaise humeur jusqu’à midi.

Après s’être séché et habillé, il se rendit dans la cuisine prendre son petit déjeuné : Un énorme bol de céréales.
Pour un étudiant japonais de dix neuf ans, la maison où il vivait ainsi que son petit déjeuné était assez original.
C’était du au simple fait qu’il n’habitait au Japon que depuis cinq ans et que ses habitudes de français étaient restées.
Même s’ils s’étaient expatriés, ses parents avaient voulu se faire construire une maison à la Française, et faute de moyen ils avaient récupéré celle d’un vieux monsieur qu’ils avaient retapés dans leurs styles.

Ses origines françaises étaient assez évidentes, et il détonnait assez par rapport à ses amis : Plus grand et imposant, il s’habillait et se comportait différemment de ses amis.

Quand la plupart d’entre eux passaient leurs temps à réviser, seul ou en groupe, et à faire des petits jobs pour économiser, lui passait son temps à lire, jouer du piano et à traîner dans les bars le soir.
Bon, il allait de temps à autre dans les groupes d’études de ses amis, mais c’était plus pour les voir que pour travailler.

-Allez, on y va Toya, tu vas rater ton train et je n’ai pas envie de t’amener jusqu’à ton université !

En arrivant au Japon il avait changé de prénom, passant de Thomas à Toya, pour mieux s’intégrer et par préférence, Thomas ne sonnant pas très bien en Japonais.

-J’arrive, j’arrive… répondit-il en enfilant son trois-quarts en cuir noir.
-Tu vas en cours avec ça ?
-Bah oui, pourquoi ?
-Par dessus l’uniforme ?
-Bah… oui.
-Bon, tu vis ta vie, mais déjà que votre uniforme tout noir n’est pas très gaie, ce n’est pas avec ce manteau que tu vas avoir l’air plus approchable…
-Qui a dit que je cherchais à le devenir ?
-Mouais, bref… soupira son père en haussant les sourcils. Allez on y va.

 

* * * * * *

 

Après dix minutes de voiture et une demi-heure de train, Toya arriva enfin à Todai, son université.
Tokyo Daigaku, abrégé Todai, était l’université la plus réputé du Japon. C’était un énorme complexe où se regroupait énormément de sections déférentes dans d‘énormes bâtiments bien aménagés et très équipés.
Si on rajoutait à ça toutes les activités sportives et autres distractions que l’on pouvait y trouver, Todai était l’endroit rêvé pour étudier.

Alors qu’il allait se rendre à sa première heure, un cours d’application logiciel et de génie informatique, il aperçu les longs cheveux noirs-bleutés de Chidori, sa meilleure amie.

-Hoy, Chidori ! lança-t-il en s’approchant.

Alors qu’elle se retournait, Toya aperçu que quelque chose en elle était différent de d’habitude, sans trop pouvoir dire quoi.

-Whoé ? Mais tu serais presque à l’heure Toya ?! T’es malade ? ironisa son amie avec son habituel air espiègle.
-Ouais, je dois avoir de la fièvre pour venir t’entendre brailler de bon matin…
-Comme il est mignon… dit-elle avant de se reculer un peu et de le regarder comme si elle attendait quelque-chose.

Voyons voir, qu’est-ce qu’elle a changé ?
Ses cheveux ont toujours leurs reflets bleutés et sont toujours aussi long…

Ils devaient lui arriver jusqu’au milieu de dos et, d’après ses dires, elle comptait les laisser pousser jusqu’à ses fesses…

Pas de lentilles de contact colorées, ses yeux sont bien bleus…
Même uniforme que d’habitude…

Non, c’était plutôt vers son visage que quelque chose était différent, elle semblait… plus adulte.

Bingo, elle s’est maquillée.

Mais alors qu’il s’apprêtait à donner sa réponse il remarqua qu’elle semblait avoir un peu perdu patience.
Forcement, ça faisait bien une minute qu’il la regardait de haut en bas sans arriver à trouver…

Forçons un peu la dose…

-Tu es encore plus belle que d’habitude, le maquillage te va à ravir.

Le petit sourire qui avait accompagné sa phrase n’avait rien de forcé, elle était vraiment belle.

-T’a mis le temps quand même ! Je pensais que depuis le temps qu’on se connaissait tu aurais remarqué tout de suite…
-Tu sais bien que je ne voie que ta beauté intérieure. dit-il en la regardant droit dans les yeux avec un petit sourire charmeur.

Pfff... Même moi ça me fait rire de m’entendre dire ça…

-Tes origines françaises ressortent ! Mais tes petits tours ne prennent pas avec moi. sourit-elle avant de lui pincer la joue.
-Aie, aie, lâche-moi sauvage !

Le prenant par le bras, elle l’entraîna vers le bâtiment principal où se trouvait le grand amphi dans lequel ils devaient avoir cours.

-Toujours aussi pressée, hein ?
-Pourquoi perdre du temps ? La vie est courte, arrête d’aller au ralentit et laisse toi entraîner !

Je ne vais pas au ralentit, je vais juste à mon rythme…

Plus il la regardait et plus il comprenait pourquoi il l’appréciait temps : elle représentait tous ce qu’il n’était pas.
Vive, pressée, enthousiaste, énergique, radieuse, positive, etc, etc.
Ils étaient complémentaires.
Elle était la seule à pouvoir le motiver pour agir et il était le seul à pouvoir la calmer.

Chidori avait été la première personne à se lier d’amitié avec lui lorsqu’il était arrivé au Japon cinq ans auparavant. Quand il l’avait rencontré, il avait tout de suite été attiré par sa constante bonne humeur… et par sa beauté.
C’était une métisse, mi-européenne, mi-asiatique, elle avait les trais finement dessinés, de belles formes et des yeux pétillant. Ses longs cheveux noirs-bleutés étaient fins et s’accordaient parfaitement à sa silhouette gracieuse bien qu’énergique.

Enfin, il ne devait plus être très objectif après avoir passé cinq ans à ses cotés à se demander qu’elle était vraiment leur relation.

Amie ?

Non, c’était plus que ça.

Sœur ?

Peut-être, mais… ça lui paraissait plus fort encore.

Amour ?

Il n’avait jamais eu le courage de répondre à cette question. Il n’était pas sur de l’aimer avec la passion d’un amant et ne voulait en aucun cas gâcher leur amitié.

Il savait qu’elle se posait le même genre de questions, et il semblait qu’elle n’avait pas plus de réponses que lui, et encore moins l’envie de gâcher leur amitié.

Un an et demi auparavant, quand ils avaient eu à choisir leur fac, ils s’étaient retrouvés devant leur première séparation : Il allait en informatique tandis qu’elle avait choisit physique.
Mais juste avant la fermeture des inscriptions elle avait finalement opté pour l’informatique elle aussi.
S’il était vrai qu’elle avait un peu hésité quelques mois avant entre l’info et la physique, ils savaient tous les deux qu’elle avait choisit info pour être avec lui.
Mais ce que personne ne savait c’est qu’il avait faillit choisir physique avant la clôture des inscriptions pour pouvoir être avec elle, et que s’il ne l’avait pas croisé dans la rue ce jour là il l’aurait fait…

Ca aurait été dur d’être séparé de ma petite sœur…ou de ma meilleure amie plutôt.
Ah c’est pourtant pas si compliqué de savoir ce que l’on ressent… si ? Bref…

Après l’avoir entraîné tout au haut de l’amphi en s’accrochant à lui -une des choses qui l’étonneraient toujours était de voir à quel point elle était populaire : La plupart des mecs se retournaient et envoyaient à Toya un regard soit jaloux, soit méchant, enfin pas trop car il avait réputation de s’énerver assez rapidement-, Chidori commença comme d’habitude à lui raconter son week-end et ce qu’elle voulait qu’ils fassent pendant la journée, ainsi que les petites anecdotes qu’elle avait vu à la télé ou dehors.

Ils discutaient de tout et de rien, mais Toya pouvait rester comme ça pendant des heures, c’était bien mieux que d’écouter les cours barbants auquel il assistait toute la journée.

En fait, Chidori et ses recherches étaient les deux choses qu’il affectionnait le plus dans sa vie.

Chidori et mes recherches… Si elle m’entendait dire ça je me demande quel serait ça réaction : Enervement de la comparer à mes recherches ou contentement d’être une de mes principales préférences dans la vie ?

Cette pensé le fit sourire intérieurement.

-Au fait Toya, ça avance ?
-Hum ?
-Tes recherches baka (1) !
-Ah, non, pas vraiment, je ne sais pas si ça donnera jamais quelque chose d’ailleurs…
-Aller, à d’autres, je sais bien que c’est ta principale préoccupation !
-C’est faux, ce n’est pas la principale…
-Ah bon ? Et c’est quoi alors ?
-Toi… répondit-il à voix basse.
-Quoi ?
-Toi.

Encore une fois il n’avait pas pu lui dire dans les yeux, il s’était détourné.
Ils se le disaient de temps à autre, mais c’était toujours ambigu, et jamais aucun des deux n’avait le courage d’aller plus loin.

-Tu sais pourquoi je me suis maquillé aujourd’hui ? lâcha-t-elle après un petit moment.

La manière dont elle avait prononcé ces mots n’avait pas échappé à Toya : Elle tremblait, et sa voix manquait d’assurance.
Se retournant doucement, il vit une Chidori comme il était rare de la voir : Tremblante, peu assurée et nerveuse.

-Je… je voudrais clarifier les choses entre nous, enfin… que nous aboutissions à quelque chose, je… enfin…

Il n’arrivait pas à y croire.
Après tant de temps à rester entre deux eaux il allait falloir qu’ils se jettent à l’eau, sans savoir ce qui les attendaient.
C’était un moment qu’il avait toujours craint… et espéré.

-Tu as raison, j’en suis conscient, mais les choses vont changer si on décide de bouger, et j’ai peur que…
-Moi aussi ! Mais cette situation ne nous mènera à rien si on ne bouge pas, il faut aller de l’avant, la vie est courte je te l’ai déjà dis !

Chidori semblait avoir repris confiance en elle, sa voix ne tremblait plus et ses mains qui avaient attrapé Toya au col étaient fermement agrippées.

Il ne savait pas quoi répondre, il était partagé entre son désir de la chérir et sa peur de la perdre, sa peur du changement.
Le visage de Chidori était à moins de vingt centimètres du siens, et ses yeux oppressant attendaient une réponse.
Elle le rendait fou, il n’arrivait plus à résister.

Rapprochant son visage de celui de Chidori, il posa ses lèvres contre les siennes, son désir ayant vaincu sa raison.

Leurs lèvres l’une contre l’autre, s’entrouvrant légèrement et leurs langues se frôlant délicatement, ils échangèrent un baisé passionné, doux et fougueux à la fois.
A ce moment là, tout avait disparu, plus rien n’existait sinon Chidori, et tous les sentiments qu’il éprouvait pour elle depuis tant d’années sans oser mettre un nom dessus.

Je l’aime, pas comme une sœur, pas comme une amie, non, c’est différent, elle est différente…

Alors que leur baisé et le moment magique qui l’accompagnait ne semblait pas finir, le prof qui était rentré dans la salle se rapprocha d’eux.

-Si je vous dérange, je peux repartir… dit-il en toussotant.
-Ce serait bien oui… répondit Toya sans lâché sa compagne des yeux.
-Toya ! lâcha Chidori qui contrairement à lui venait de percuter ce qui se passait.
-Hum ?

Oops… Bah, au pire il va me virer, c’est pas bien grave…

-Ok, je vois, c’est pas la peine d’insister… Mais sachez que je suis content de voir que vous avez fini par ouvrir les yeux l’un sur l’autre, on en était arrivé à faire des paris avec certains élèves…
-Pardon ? répondirent-ils en cœur, Chidori virant au rouge satisfait alors que Toya écarquillait les yeux.
-J’ai dis quelque chose ? Bon aller, on reprend le cours, retournez vous asseoir le spectacle est terminé !

Alors que le cours commençait, Ils n’arrivaient pas à penser à autre chose qu’à l’étape qu’ils venaient de franchir, une étape si importante qui leur avait toujours paru impossible à franchir et qui s’était révélé si simple en fin de compte…

Rien d’autre n’importe…

Rien d’autre ? Même s’il le pensait sincèrement il ne pouvait s’empêcher d’oublier ses recherches, sur ce manque qu’il avait toujours ressentit et que seule celle dont il ne pouvait plus lâcher la main avait su combler.

Mais même si elle avait comblé ce vide, il ne pouvait s’empêcher de chercher. Quoi ? Il l’ignorait, mais ça avait un rapport avec son passé, son existence et le pourquoi de celle ci…

 

* * * * * * *

 

Quatorze heures quarante, après avoir pris un déjeuné en tête-à-tête avec Chidori, Toya se rendait à l’arrière du parc, la laissant avec ses amies qui voulaient bien évidemment lui parler, tout savoir sur un sujet que tous le monde semblait connaître mieux que lui…

Il en était un peu énervé. S’il avait conscience que leur "couple" n’était jamais passé inaperçu, il ne savait pas que la moitié de Todai prenait des paries sur le "quand" et le "comment" ils allaient clarifier les choses.

Ce n’est pas énervant, c’est frustrant, savoir que tous le monde savait déjà ce qui allait se passer alors que je me suis posé la question pendant cinq ans. C’est comme si j’avais été le seul dans la salle à ne pas connaître la réponse à une question stupide et que tous le monde me regardait maintenant avec un sourire narquois…

Et ce qui l’énervait encore plus c’était qu’il n’arrivait pas à être énervé, il était trop content et soulagé pour ça.
Ce qui faisait que son expression passait de la joie à la colère toutes les deux secondes.

Bref, allons discuter avec Yume, elle doit déjà le savoir mais bon…

Arrivant au fond du parc, il aperçut les blondes couettes de son amie.

-Hoy, sempai (2) !

Elle avait deux ans de plus que lui, et, comme lui, elle était d’origine française. Yume (3) n’était pas son vrai nom, juste un surnom que cette permanente rêveuse avait acquis au cours des années.

-Hey Toya-kun (4) comment vas-tu ? répondit-elle guillerette.
-Toujours bien… plus que d’habitude en fait, mais j’imagine que tu es déjà au courant, tout le monde l’est… dit-il en s’assaillant.
-mmh ? non désolée.. de quoi s'agit-il ?

Il la dévisagea deux seconde interloquée.

-Non, sérieux ?
-Tu parais surpris ! sourit-elle. Tu es pourtant bien placé pour savoir que je ne m'intéresse pas à tous les ragots qui circulent ici…
-Je... comment dire... Avec Chidori… on a parlé ce matin...

Toya avait rougit à ces mots, il avait encore du mal à y croire et en parler lui paraissait étrange...

-Excuse-moi mais ça n'a rien d'exceptionnel. sourit-elle doucement. Vous êtes dans la même classe c'est donc normal que...

Elle s'arrêta brusquement.

Je crois qu’elle vient de percuter...

Toya était un peu inquiet, la réaction qu'elle allait avoir était importante pour lui, il voulait sa bénédiction. Non, plus que ça, il voulait son soutient.

Le visage de son amie s'était assombrie quelques instants mais se fut finalement un magnifique sourire qu'elle lui offrit.

-Alors ça y'est !!! s'exclama t-elle. Je suis très heureuse pour vous deux…

Un sentiment de soulagement, mais aussi d'inquiétude l'envahit.
S'il était heureux d'avoir son soutient, il sentait comme une espèce de gène, de sentiment de malaise. Tout allait bien, ou semblait bien aller... trop bien...

-Oui, et tous le monde semblait savoir ce qui allait ce passer, sauf moi bien sur...
Dis ma puce, c'est moi qui étais aveugle, ou tous simplement trop compliqué ? Je n'arrive pas à comprendre...

Elle sourit.

-Tu as toujours était un grand naïf Toya. Mais les choses qui peuvent paraître évidentes à ton entourage ne le sont pas forcément pour toi. Je pense que tu t'es posé trop de questions inutiles.. Chidori te plaisait mais tu avais peur, tu n'osais pas ou tu ne voulais pas ?!
Nous avons tous remarqué votre petit jeu de cache et ça en devenait même marrant tu sais ! dit-elle en riant. Allez, je te fais marcher !

Alors qu’elle lui disait ça, elle lui avait comme d’habitude envoyée sa petite tape sur la tête, cette petite tape qu’il affectionnait tant.
Elle représentait le coté grande sœur sur lequel il se reposait quand ça allait mal.

- Ne te sens pas frustré par la situation, l'important c'est que le pas ait été franchit
-C’est vrai… Mais ce qui me fait peur c’est la suite, je ne vais plus pouvoir me conduire de la même manière, je ne vais plus pouvoir faire les mêmes gestes, ce ne sera plus pareil…

Il se cherchait des excuses pour ne pas être heureux. Il en était conscient mais ne pouvait s’en empêcher.

Des excuses ? Non, peut-être pas…

En fait ce n’était pas vraiment des excuses, non, il voulait seulement s’assurer que tout était parfait…

-Fais-moi plaisir arrête de réfléchir.

Le clin d’œil qui avait accompagné cette simple phrase lui avait fait le plus grand bien.

-Tu te poses de faux problèmes et tu le sais…
D'ailleurs ne devrais-tu pas être avec Chidori plutôt que de venir me raconter des bêtises ? mm ??

Elle lui avait paru plus nerveuse dans la dernière phrase, presque… agacée.

Il fallait bien que ça arrive, elle doit avoir d’autres choses à se préoccuper que les élucubrations sans sens d’un deuxième année…

D'habitude de nature si paisible, elle était entrain de perdre pied.
Après une minute de réflexion, elle se leva...

-Excuse-moi ! dit-elle en se levant. Je crois qu'il vaut mieux que je m'en aille...
Passes mes amitiés à Chidori…

-Hé, attend !

Se levant d'un bond, Toya attrapa les épaules de son amie.

-Excuse-moi, je ne devrais pas t'embêter avec ça, c'est stupide mais...

Elle ne se retourna pas mais lui répondit d'une voix posée

-Qu'est-ce qui est stupide ?
Que tu viennes me voir pour me faire partager ta joie ?
Que tu ne saches pas le pourquoi du comment ?
Ou peut-être suis-je stupide moi-même de rester là à t'écouter… et de ne rien dire…

De ne rien dire ?

-Ne pas dire… quoi ?

Il avait eu du mal à prononcé ces mots. Il ne savait pas à quoi s’attendre et ne comprenait pas.
Yume avait toujours été sa stabilité, son repère quand tout allait mal.
Et maintenant que ça allait mieux, c’est elle qui le déstabilisait.

Je ne comprends pas… Je ne comprend plus…

Elle n'osait lui faire face. L'ambiance devenait pesante...

- Humm... écoute oublis ce que je viens de dire. Je suis un peu fatiguée en ce moment et... oublis...

Je ne comprends pas… Je ne comprend pas…

Dès qu’il lâcha son épaule, elle s’en alla doucement, mais il était déjà loin, perdu dans ses pensées, perdu au milieu d’une situation qu’il n’arrivait pas à analyser.
Il avait besoin de s’échapper, il avait besoin fuir cette réalité qu’il n’assumait pas.

Je veux voir Chidori avant de…
Avant de quoi ?

Fuir.
C c’était la seule chose qu’il désirait, mais… il voulait la voir avant.

Il commença alors à courir, sans se soucier de ce qui se trouvait devant lui.
Il trébuchait, bousculait les gens, mais ça ne lui importait pas, seul son but importait : Chidori.

Chidori, elle sait, elle doit savoir !

Il était avide de réponses, plus que jamais.
Ses recherches sur le pourquoi de la vie, tournées vers l’occulte et le surnaturelle l’avaient toujours obsédés, mais ce n’était rien en comparaison de ce qu’il vivait en ce moment.

Je ne comprends pas ! JE NE COMPRENDS PAS !!

Arrivant près de la salle d’info, il aperçut Chidori et ses amies.

A sa vue, la jeune fille devient blême.

-Toya ? dit-elle d’une voix tremblante. Qu’est-ce que…

Il ne lui laissa pas le temps de poser sa question. Il l’a saisit par le bras et l’entraîna dans la salle d’info avant de fermer la porte derrière lui.

-Je ne comprends pas ! Pourquoi ?! Pourquoi tout ça arrive ?! Pourquoi ?! Je ne comprends pas !!

Toya n’arrivait plus à se retenir, il n’arrivait pas à maîtriser toutes les émotions qui affluaient en lui. Il n’arrivait pas à assumer ce changement si radical…

Totalement paniquée, Chidori se voyait incapable d'articuler le moindre mot.
Elle avait les larmes aux yeux.
Il était différent de d’habitude, il semblait complètement perdu, paniqué…
Puis finalement...

-Qu’est-ce qui t’arrive Toya ?! Tu… tu…

Un silence.

-Tu regrette ce qui c’est passé ce matin ? dit-elle presque en sanglot.

Si je regrette ? Non, ce n’est…

Toya était perdu. Il ne regrettait rien, il ne comprenait tout simplement plus ce qui se passait autour de lui, tout était trop soudain, tout était… trop.

Que faire ? Où aller ?

Il n’arrivait plus à réfléchir, il était conscient que rien de bon ne sortirais de sa bouche s’il avait le malheur de l’ouvrir.

Mes mots ne provoqueront que malheurs et souffrances dans mon état, il faut que je…

      Fuis.

Il n’arrivait plus à soutenir le regard de Chidori. Reculant d’un pas, il sortit de la salle en trombe, courant en direction des arbres du parc.

-TOYAAAAAAAAAaaaaa ... s'écria Chidori !!!

Elle s'effondra sur le sol. Les deux mains sur son visage, elle pleurait à chaudes larmes.

-Toya...

Tout se bousculait dans sa tête, elle ne comprenait pas ce qui était entrain de se passer.

Qu'est-ce qui t'arrive Toya ?

Elle se releva et c'est d'un pas franc et assuré qu'elle se mit à courir à la recherche de son bien-aimé.

Les larmes n'avaient cessé de couler, mais peu importait. Elle devait retrouver Toya et comprendre...
Comprendre pourquoi il avait fuit devant elle.

Se dirigeant vers le parc, elle l’aperçut arrêté près d’un arbre.
Accélérant, elle le vit recommencer à courir quand elle fut à moins de cinq mètres de lui.

-Toya attend ! Explique-moi !

Il ne ralentit pas le pas, mais à l’appel de son nom il tressaillit légèrement.

-Attend !! hurla-t-elle avant de l’attraper par le bras.

Perdant l’équilibre, il l’emporta avec lui dans sa chute…

Mais il n’atteignirent jamais le sol.

Alors qu’ils tombaient, une chaleur et un frisson indescriptible les envahirent.
Elle était attirée par lui et lui par le vide.
Ils avaient basculé quelque part, comme dans un trou sans fin, et ils tournaient, encore et encore...

Et puis le noir.
Plus un bruit, plus une once de lumière, plus de chaleur, plus rien.

Toya pensa tout d’abords qu’il avait perdu la raison… et puis tout accéléra à nouveau, plus vite encore, et la chaleur revient, plus brûlante.
Ouvrant les yeux, il aperçut une lueur minuscule perdue au milieu de cet océan obscur, un vide profond régnant tout autour de lui.
Dans un bruit sourd, ils percutèrent violemment le sol.
Il tenait Chidori dans ses bras et c’est lui qui pris le choc.

Des dalles lisses et froides, une lumière aveuglante et… une immense statue en face de lui.

Une statue ? Non…

Ce n’était pas une statue mais bien un être vivant, d’une beauté incroyable et possédant douze immenses ailes.
Il devait faire près de deux mètres et ses ailes en faisaient chacune autant.
Ses longs cheveux noirs étaient lisses et fins et tombaient gracieusement sur ses épaules avant de disparaître dans son dos et de voiler légèrement son torses dénudés.
Il étaie assis sur un trône doré et ses yeux vide fixaient l’horizon.
S’il n’état pas mort, il devait se trouver dans une sorte de coma.

Qu’est-ce que… Chidori !

Elle avait perdu connaissance quelques secondes et semblait revenir à elle.

-Chidori ! Est-ce que ça vas ?! Tu t’es fais mal ?!

Toya était mort d’inquiétude, tout les doutes et les questions qu’il se posait cinq minutes auparavant l’avaient quitté, et seule Chidori lui importait.

Chidori se redressa doucement.

-mmh ? Où suis-je ?... argh ma jambe !

Jetant un œil, Toya remarqua un gros bleu sur la jambe droite de Chidori.

-Toya ?!? Toya où es-tu ?
-Je suis là, à coté de toi, je suis là !
-Je… je ne vois rien…

Prise de panique, elle se mit à hurler. Tout n'était qu'obscurité, elle ne discernait plus aucune forme.
Ses yeux étaient ouverts, des larmes coulaient, mais elle ne voyait plus… ou presque plus.
Alors qu’elle continuait de pleurer et qu’il l’a serait dans ses bras sans oser bouger, elle commença à percevoir de la lumière, mais pas de forme.

-Je… je crois que je commence à recouvrer un peu la vue ! dit-elle entre deux sanglots.

Au moment où Toya allait ouvrir la bouche une énorme explosion ébranla le bâtiment.

-Kyyaaa !
-Je suis là, n’ai pas peur !

Même s’il disait cela, il était lui-même mort de peur, il n’avait aucune idée d’où il se trouvait, de comment il y était arrivé et de ce qui s’y passait.

-A…attend moi là, je vais voir dehors ce qui se passe !

Il était obligé de crier pour couvrir le bruit, et les pleure de sa compagne.

Si, voyant, je suis déjà effrayer, qu’est-ce que se doit être pour elle qui est dans le noir…

-Me laisse pas !! dit-elle en s’agrippant à lui de toutes ses forces.

N’ayant pas le temps de réfléchir, il la souleva et ouvrit la porte d’un coup de pied.

Le spectacle qui s’offrit à lui glaça le sang et le marqua jusqu’au plus profond de son âme :
Ce qui semblait être une armée de démons se battaient avec des anges, les déchiquetant les uns après les autres.
Tout n’était que cendre et ruine, le feu ravageait la ville dont il était au sommet, dans ce qui devait être un temple de culte que les « anges » défendaient avec vigueur.
Mais la situation était perdue, ils étaient largement moins nombreux et moins fort, on aurait dit des civiles défendant leurs maisons face à une armée ennemie…

Alors que Chidori qui semblait avoir partiellement retrouvé la vue restait bouche bée par ce qu’elle voyait, Toya sentit quelque chose chauffer au fond de lui, et la vue de se massacre réveilla en lui une colère qu’il ne pu réprimer.

Déposant Chidori au sol, il s’élança dans le ciel, comme porté par une force céleste... et prit part au combat.

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Spécial : Les déssins des personnages de Lucifer !

Toya : w ww.mangavision .org/Images/Lucifer/Toya.jpg
Chidori : w ww.mangavision .org/Images/Lucifer/Chidori.jpg
Yume : w ww.mangavision .org/Images/Lucifer/Yume.jpg

Il faut enlever les deux espaces dans chaque adresse quand vous copier le lien ^^ (fictionpress à un system pour empecher que l'on mette des liens dans leurs pages)
Les trois "w" collés et "mangavision" collé à ".org", vala !


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(1) : Baka : Crétin, idiot, etc
(2) : Sempai : Terme respectueux donné à un élève plus âgée.
(3) : Yume : Rêve en japonais => Les prénoms japonais ont souvent une signification (Hitomi : Yeux, Yuki : neige, etc)
(4) : Toya-kun : Les japonais mettent presque toujours un suffixe après le prénom (Ne pas en mettre montre que les personnes sont très proche), le -kun est pour une personne pour qui ont a beaucoup d'affection.

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